[PvE] Intrigues de cours et affaires louches

L'Auberge de Quatremont était une large bâtisse à deux étages, qui devait comprendre un maximum de trois ou quatre chambres, une grande salle ou une trentaine de couverts pouvait être servis simultanément, un préau couvert comprenant une douzaine de tables supplémentaire, et une grange ou loger les chevaux des convives. La bâtisse restait le plus gros bâtiment des environs, si l'on excluait l'Eglise, et la maison longue du Duc, une joli baraque en pierre grise et en épais rondins de bois qui n'avait sans doute plus vu son propriétaire depuis prêt d'une dizaine d'années.

A l'intérieur, l'aubergiste accueillait déjà ses premiers clients, lesquels rentraient des champs. Les mineurs ne mangeaient généralement pas à la Taverne, et vivaient dans des baraquements prévus pour eux plus haut dans la montagne, ils ne redescendaient que tout les trois ou quatre jours, passer une journée en famille, puis remontait pour s'en aller travailler à la mine. Présentement, la grande salle ne comptait donc que des paysans, qui revenaient plus tôt que d'habitude des travaux des champs. Il faut dire que Shéogorath avait put voir à quoi ressemblait les "travaux des champs" sur le chemin : le blé avait gelé sur place, et beaucoup étaient donc particulièrement dépités. La mine sombre, ils jetaient des regards noirs à leurs chopes à moitié pleine. En plus du manque de sommeil, beaucoup se posaient sans doute la question de savoir comment ils allaient bien pouvoir nourrir leurs familles cet hiver ...

Aussi, l'Aubergiste lança-t-il à Shéogorath alors qu'il lui servait une chopine d'une bière brune épaisse et amère :

Aubergiste : A qui le dites vous ? On aura bientôt plus rien à manger. Les armées du Roi ont mit le village à sac pendant le siège, on a plus un sous et pour couronner le tout, on ne dort pas. Les gars bossent deux fois plus à la mine en espérant vendre leur fer aux forgerons du nouveau comte, mais pas plus tard que ce matin, des brigands, qui se faisaient passer pour les hommes de la Comtesse de Touare ont confisquer la moitié de ce qui était entreposé dans nos entrepôts. Ils vont sans doute le revendre eux mêmes à celui des deux partis qui leur en offrira le plus ? Allez savoir. C'était notre dernière chance de manger correctement cet hiver. Maintenant, on commence à se dire que les vieillards et les enfants n'y survivront pas. Et pour couronner le tout, il y a ces foutus cauchemars qui ne veulent pas s'arrêter ... Les gens en ont marre, et certains parlent déjà d'arrêter de payer les loyers au "nouveau duc" là-haut ... Et puis s'il se figure qu'on lui paiera nos impôts cette année, il peut bien aller se faire voir. J'paierai de nouveau quand y'aura un derrière d'Aumont sur le siège doré qui leur sert de trônes à ces culs-bénis. C'est à dire, pas demain la veille ...

L'aubergiste posa la chope devant Shéogorath avec humeur, faisant déborder la mousse.

Aubergiste : Ca f'ra trois sous. On paie comptant.

Le Nécromancien paya le tavernier, mais il n'en avait pas fini avec cette taverne. Certes, elle puait le pauvre, pas lavé et la bouse, mais Shéogorath, si il était effectivement coquet, semblait ne pas s'en préoccuper. Se tenant la tête d'une main, il enchaîna sur un ton (faussement) indigné.

Shéogorath : Tu vois Galen, depuis le temps que Shéogorath te dit qu'on ne respecte plus rien de nos jours, pas même le travail ! Alors que le travail, c'est la santé !

L'elfe blanc ne répondit rien, ayant bien compris qu'il n'en pensait pas un mot. Galen pouvait affirmer une chose, sur son maître, le dernier qui l'avait vu travailler; il n'était pas jeune. Voir même peut être mort. Voir pas naît. Bref, ça faisait depuis belle lurette que Shéogorath n'avait pas fait autre chose que ce qu'il faisait là : du blabla.

Shéogorath : Regarde ces pauvres gens, ils me font de la peine à Shéogorath. D'ailleurs Shéogorath compatit beaucoup ...

Oui, enfin il compatissait quand même pas suffisamment pour qu'il donne gratuitement les céréales, récupéré d'un pillage ... dans une charrette, juste à l'entrée de la taverne. Il compatissait, certes, mais il restait une belle enflure. Galen supposait même qu'il se réjouissait du malheur des autres, qui ferait sa fortune.

Shéogorath : ... je dirai même que Shéogorath écrira une histoire sur votre malheur.  Allez ! Shéogorath offre sa tournée ! Remplissez les pichets, tavernier ! Et racontez-m'en plus. Vous avez une idée de par où ces brigands sont partis ? Ce pauvre Shéogorath ne voudrait pas qu'ils le dépouillent ...

Puis il se retourna et salua les pouilleux dans la taverne qui voyaient leurs pichets se remplir.

Shéogorath : ... Shéogorath offre une autre tournée à quiconque lui apportera des informations sur ces brigands ou sur le phénomène qui vous empêche de dormir !

[Test de renseignement : 16. Réussite.]

Shéogorath paie donc sa tournée. Les bonnes gens de la taverne ne se montre pour autant pas beaucoup plus bavardes. Au départ tout du moins. Mais la soirée avançant, il se trouve que les paysans rentrent chez eux, et que d'autres, n'ayant pas sommeil, ou ne parvenant pas à trouver le sommeil, rejoignent l'établissement. Ceux là ont pris le temps de rentrer chez eux, de se toiletter, et d'enfiler des vêtements propres. Ce qui remet une ambiance un peu plus festive, et un peu plus en mesure de délier les langues.

Shéogorath apprend donc rapidement la destination de ses joyeux brigands voleurs de fer : la forteresse dites "de la montagne aux celtes". Précisément celle qu'on lui a demandé d'attaquer. Apparemment, ces joyeux drilles saccagent les environs allègrement depuis cinq jours, et donc, depuis que le baron de Lachlay règne sur les terres de la maison d'Aumont. Mais ce n'est pas le cœur du problème. Il semblerait ainsi que les paysans du village soient en proie à de terribles cauchemars depuis plusieurs nuits, ne parvenant pas à trouver le sommeil alors que leurs plus terribles terreurs nocturnes les assaillent en pleine nuit. Les ragots sont nombreux et il est difficile de démêler le vrai du faux : certains parlent de la malédiction d'une sorcière que l'on aurait brûler il y a un mois à proximité du village. D'autres évoquent des légendes locales : une bande d'alp qui sévirait dans la région, un sombre magicien, ou encore, l'oeuvre d'un cavalier noir que l'on aurait aperçu à proximité du village, et qui n'est guère étranger au Nécromancien. Reste aussi les rumeurs plus farfelues et fantasques encore : une chasse sauvage aurait fait du village son terrain de chasse car un vieux seigneurs de Quatremont, il y a cinq siècles, aurait jurer devant le diable d'attraper un grand cerf blanc dans la vallée ... Chasse qui lui aurait coûter la vie ... On parle aussi de Nachzehrer qui saccageraient les campagnes, ou d'un culte de nécromancien qui sévirait dans les cryptes de la vieille chapelle ...

Bref la soirée se transforme vite en session d'histoires d'horreur à dormir debout comme le bas peuple aime se les raconter. Accompagnée naturellement de grands gestes, de représentations grotesques, et d'interventions amusantes de toutes sortes de personnages désireux de se faire remarquer par la communauté. Au final, tout le monde s'amuse beaucoup. Mais Shéogorath a surtout récupérer une flopée de petites histoires sans intérêts et de légendes du folklore local ... Et tout le monde a, par contre, put solidement échafaudé sa propre théorie personnelle quand au problème.

L'elfe blanc n'était pas friand de ces discutions, si on pouvait qualifié ce dialogue de commères de discutions, chacun y allait avec son petit racontar, ses on-dit et toutes les absurdités qui leurs passaient par la tête. Bref, Galen était persuadé qu'ils n'apprendraient rien de plus de sérieux. D'ailleurs, si il ne devait pas assurer la sécurité de l'ancien, il serait déjà parti. Les humains n’aimaient pas les elfes, d'ailleurs Galen le sentait bien lorsqu'il croisait leurs regards. Mais très peu sont ceux qui oseraient ne serai-ce que lever le petit doigt devant lui. Généralement, sa seule présence est suffisante pour décourager les plus belliqueux qui pourraient imaginer dévaliser ce qu'ils considéraient comme un vieux bourgeois. Bien que factuellement, si ils s'y essayaient, ils auraient une très désagréable surprise. Aussi fou qu'il pouvait être, Shéogorath n'en était pas moins dangereux et imprévisible, sans même parler de sa magie occulte.

Mais si Galen n'était pas intéressé par ces commérages et légendes, Shéogorath en était fasciné, il était dans son élément complet.Il écoutait les uns, renchérissait sur les divagations d'un autre, le confortant dans sa connerie.

Shéogorath : Shéogorath ne doute pas de la véracité de vos suppositions, très cher. Il a déjà aperçu une chasse sauvage dans sa jeunesse. Heureusement, ils ne l'ont pas vu, sinon Shéogorath ne serait plus ici pour en parler. D'ailleurs pour parler franc, Shéogorath pense que vous deviez essayer d'attraper le grand cerf blanc avant eux. Si les villageois l'offrent en offrande, ils n'auront plus de raisons de revenir, Shéogorath en est certain !

Après avoir déblatéré une aussi belle énormité, sans ciller et sans la moindre hésitation, Shéogorath entretenait  pour son pur amusement ces débats et ces théories, toutes les plus invraisemblables les unes que les autres.

Shéogorath : Shéogorath déteste ces monstruosités mi-goules mi-vampires ! Il en a aperçu une un jour, lorsqu'il voyageait depuis le Sud, elle a manqué de ça de lui croquer le cou ! Heureusement, l'ami de Shéogorath que voilà à côté de moi, l'a purement et simplement décapité ! D'un peu plus, le pauvre Shéogorath n'aurait pas été là avec vous ...

C'était en partie vraie, mais Shéogorath avait oublié de dire que c'était lui qui avait invoqué cette bête et qu'elle avait échappé à son contrôle à cause d'un nécromancien rival, qui n'avait pas eu un avenir plus envieux que la goule. En revanche, la rumeur suivante le fit littéralement blêmir.

Shéogorath : Un cavalier noir ? Ah bon ? Où ça ?

Le vieillard en venait même à se demander si il ne devrait pas foutre le camp tout de suite. Manquerait plus qu'il vienne ici ... D'un autre côté, Shéogorath était joueur, donc défier le Valentinus à son propre jeu était tentant. Finalement, la raison s'effaça pour l’excentricité. Il décida de rester.

Shéogorath : Shéogorath ne sait pas ce que le curée du village en pense, mais l'Eglise ne glorifie guère les hommes qui se cachent sous un capuchon. On prétend même qu'ils servent le malin. Et si cette supposition est juste, l'avis de Shéogorath est sans appel. Si vous voyez ce cavalier, tuez le ! Protégez vos femmes et vos enfants ...

Avec un peu de chance, les villageois parviendraient à casser le jouet du pseudo "Maître du Jeu". Dans le cas contraire, il est peu probable qu'ils aient l’occasion de parler. Il est plus que probable qu'ils ne resteront pas mort longtemps non plus. La discutions s'éternisait, tout le monde donnait son avis, Shéogorath aussi. Puis l'un des pégus dénonça des exactions dans les cryptes de la vieille chapelle, supposément orquestré par des nécromanciens.

Shéogorath : La nécromancie est une engeance démoniaque et satanique. L'Eglise prononce un jugement sans appel : le bûcher. Shéogorath en viendrait même à affirmer que nous devrions aller dans les cryptes pour châtier ces suppôts de Satan ! Avec des bons gars bien costaud, nous les traînerons jusqu'au bûcher. La Foi n'est pas qu'une histoire de bien née, Dieu aime tous ses enfants et saura les récompenser. Shéogorath ne serait même pas surpris que ces insomnies soient son oeuvre, pour vous punir de ne pas agir alors que vous savez ! Si vous châtiez ces blasphémateurs, Shéogorath ne serait pas étonné que vous retrouviez le sommeil, le gentil Shéogorath en serait prêt à parier son âne ! (son âme ayant déjà été vendu en partie avec le fameux -3, vilain Valentinus !)

Galen n'en revenait pas. En plus de faire preuve d'une mauvaise foi absolue, le vieillard essayait de traîner ces pauvres villageois dans cette galère pour faire son boulot. Shéogorath en profita pour déjà régler ce qu'il devait.

L'Aubergiste compta la note sur ses doigts, puis réclama finalement vingt danegelds et des poussières pour son paiement. Il n'en croyait pas ses yeux : ce petit vieux venait de refaire sa soirée. Dans le même temps, les esprits s'échauffaient dans la Taverne, et bientôt, Shéogorath se retrouva avec sur les bras toute une foule de paysans en colère et particulièrement mécontents désireux d'en découdre.

Paysan : Le p'tit vieux qui parle bizarrement a bien raison les gars ! Lança un grand type à la carrure d'armoire de glace d'une voix tonitruante. Y'en a marre de se faire marcher sur les pieds. Tous ensemble on peut se les faire ces sorciers de pacotilles.

Un hurlement approbateur émana de la foule réunit dans la Taverne, qui brandissait à présent le poing bien haut pour marquer son enthousiasme. On ne savait pas très bien si c'était l'alcool, l'esprit de groupe, ou juste un ras-le-bol généralisé, mais bientôt, les paysans commencèrent à repartir chez eux par petits groupes, uniquement pour revenir plus tard armés de faux, de pioches, de marteaux, de grands couteaux de cuisines et de toutes sortes d'ustensiles contondants et tranchants. A la lumière des torches, cette foule de paysans en manque de sommeil, mais armée jusqu'aux dents, avait au moins le mérite d'être un minimum effrayante. Notamment parce que la colère et le désespoir qui les guidait faisait de chacun d'eux de véritables bêtes sauvages. Bientôt, le géant flanqua une grande taloche dans le dos du Nécromancien qui constatait l'assemblage de sa "petite armée".

Paysan : Alors le vioque ! Qu'est ce que tu dis de ça ? On a une petite armée maintenant. Et toi et tes deux copains avez l'air bien armés. V'nez donc avec nous ! On va leur trancher le lard à ces saligauds !

[Bilan :
- 20 Danegelds pour les consommations
Tu gagnes provisoirement le contrôle de deux foules de paysans composées de 10 combattants. Il s'agit du profil d'unité standard niveau paysan, une est armée de faux, fourches et autres bâtons pointus (que des vouges), l'autre de gourdins, haches de bûcherons, couteaux de cuisines et autres maillets (que des armes de bases), les deux ont une grande hache par escouade en guise d'arme spéciale (grosse hache de bûcheron en fait).
Tu as réalisé une action d'alignement Chaotique Mauvais.]

Voilà, Shéogorath avait réussi à motiver ses interlocuteurs, ils allaient régler le problème pour Shéogorath, qui n'aurait rien d'autre à faire qu'attendre. Attendre ? Oui, c'était ce à quoi il s'attendait, avant qu'un clampin, visiblement pas plus brillant que la moyenne, mais qui visiblement parlait au nom du groupe, décide de l'inclure dans cette petite escapade dans les cryptes. Dommage, Shéogorath s'imaginait tranquillement sur un fauteuil à bascule devant le feu, sirotant un lait de chèvre.C'était mal barré pour le fauteuil et même pour le lait de chèvre. Mais bon, il était peu envisageable de répondre à la brute devant lui, qu'il n'entretenait pas des relations amicales avec Dieu, et que leurs insomnies lui en touchaient une, sans faire bouger l'autre. Non, non pas qu'il ait peur de lui ça en face, mais plutôt parce qu'il voulait récupérer les 1 000 danegelds du contrat.

Shéogorath : Bah ... euh ... d'accord ...

Que répondre d'autre. Le bonhomme ne lui demandait pas fondamentalement son avis, le considéré comme un vieux débris et semblait déterminé à fracasser la tronche du premier type qui ne lui plairait pas. Shéogorath avait donc décidé de lui plaire. De son côté, Galen semblait sur ses gardes, la main sur la garde de sa lame.

Shéogorath : Dans ce cas, en route. Tavernier, Shéogorath vous confie la garde de sa charrette et vous tiendra personnellement responsable si il manque quoique ce soit.

Le Nécromancien passa la porte de l'établissement, sans même attendre une réponse du pauvre gars. D'un geste de la main, Galen indiqua à Cicéron de les rejoindre et tout ce groupe se rendirent jusqu'aux vieilles cryptes.