[PvE] Intrigues de cours et affaires louches

Shéogorath et ses compères étaient arrivés dans le duché d'Aumont, pas plus tard que la semaine dernière. Ne connaissant pas la région, mais conscient des querelles internes du duché, le nécromancien jugea judicieux de se rendre dans la ville éponyme du duché. Effectivement, si il s'agissait de la capitale, c'était très certainement le cœur de tous les enjeux. Aucuns doutes, c'était ici que Shéogorath trouverait ses festivités et de l'argent.

Galen marchait en tête, c'était l'homme fort du groupe. il était attentif, mais jusqu'à maintenant, ils n'avaient pas rencontrés de problèmes. Quand à Cicéron, il fermait la marche, toujours aussi silencieux que d'habitude. C'était l'archer du groupe, bien que redoutable, également, au corps à corps. Si Cicéron était silencieux, ce n'est pour autant que le groupe y était habitué. Comme à son habitude, Shéogorath passait son temps à raconter des histoires ou des anecdotes, dont la plupart étaient inventés, Galen n'en doutait pas. Depuis qu'il avait rejoint le nécromancien, pas un jour il n'avait pu apprécier le plaisir d'écouter ses pensées.

Shéogorath était très content, et ça se voyait à sa manière de chantonner sur les pavés menant jusqu'à l'entrée de la Forteresse d'Aumont, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention des gardes. Mais Galen ne doutait pas que c'était précisément ce que souhaitait son maître excentrique.

Shéogorath : Bien le bonjour, messieurs ! Auriez-vous la courtoisie de m'indiquer où je dois m'adresser pour rencontrer le Connétable du Duc d'Aumont. Les rumeurs racontent qu'il chercherait quelqu'un pour un travail. Peut être pourriez-vous même nous mener à lui ?

Le sorcier observait les deux gardes avec ses yeux malicieux, leur affichant un visage rassurant et fiable.

[Jet de Diplomatie ?]

L'imposante citadelle qu'avait été Aumont par le passé n'était plus. Sur l'horizon, ses puissantes tours de gardes se découpaient encore, mais elles étaient éventrées, détruites, rognées par les boulets de trébuchets et noircies par les flammes. Le sommet de l'une des tours de la basse cour s'était effondré, d'un seul tenant, le long de la falaise, et écrasé dans le ruisseau, un peu plus bas. Les restes calcinés de la tour d'habitation se découpaient, irréguliers, dans le ciel de la vallée. Seul le donjon, ultime lieu de résistance de la garde, projetait encore fièrement son ombre sur les environs ...

Le pourtour de la forteresse était désormais littéralement couvert d'une véritable ville de tentes, ou les bannières des grandes maisons de Dania se côtoyaient. La tour d'argent sur champ de gueule de la maison Guédargen couvrait une foultitude d'autres bannières, dont les Pagley, les Direbaud et les Saint-Castellau au niveau de la barbacane. Quiconque s'intéresse à la politique Danienne doit savoir que le duc n'était présent lors de ce siège que par obligation, et qu'un an plus tôt, ses armés combattaient les troupes d'Antoine en de sanglants affrontements sur le pourtour du Guevran. Aujourd'hui, ce sont les Pagley qui ont la main haute sur la région. Et il parait que les affaires se portent au mieux pour eux depuis que le chef de famille conduisit l'assaut contre la haute-cour il y a trois jours. On ne voit plus que leurs sergents d'armes aux postes de gardes, dont la bannière figure un cygne d'argent sur un champ d'or tranché de sable. Un peu à côté, d'autres grandes maisons ont leurs propres quartiers : les Fangelhvid, premiers, et plus fidèles alliés d'Antoine sont ainsi installés juste en dessous des Guédargent, et leurs hommes d'armes sont aussi visibles en nombre. Dans l'ensemble toutefois, le camp est en proie à une inhabituelle activité : les hommes démontent les tentes, rassemblent leurs affaires, chargent les carrioles et éteignent les feux alors que l'armée s'apprête à se mettre en route. Lorsque Shéogorath passe en chantonnant, les hommes s'arrêtent un instant, le regardent passer, puis haussent les épaules. Probablement un nobliaux tout content d'obtenir quelque récompense après de bons et loyaux services au roi se disent-ils. Quoiqu'il en soit, ils ne portent pas plus d'attention que cela à la chose. Finalement, lorsque Shéogorath arrive devant la poterne de la tour de garde, il constate que les deux sergents d'armes chargés de la surveiller portent l'étendard de la maison de Pagley : le cygne d'argent sur champ d'or tranché de sable. Les deux hommes reprennent une contenance à son approche et lui adressent un bref signe respectueux de la tête. Ils sont quelque peu surpris de le voir demander son chemin ...

Shéogorath : Bien le bonjour, messieurs ! Auriez-vous la courtoisie de m'indiquer où je dois m'adresser pour rencontrer le Connétable du Duc d'Aumont. Les rumeurs racontent qu'il chercherait quelqu'un pour un travail. Peut être pourriez-vous même nous mener à lui ?
Garde : Ah ! Mes excuses messires. Nous pensions que vous faisiez partie de l'armée. Sire Hugues, le Connétable, se trouve dans la grande salle de la tour d'habitation, en compagnie de messire le Duc, et du Baron Alcide. Je ne suis pas certain qu'il pourra vous recevoir tout de suite, mais vous pouvez toujours tenter votre chance.

Shéogorath pénètre donc dans la basse cour de la forteresse, ou les maisons à colombage et les riches demeures à trois-étages de ce qui fut une petite cité fortifiée par le passé sont aujourd'hui noircies et calcinées. Il croise par ailleurs le chemin de trois carrioles, escortées d'une forte garde d'hommes d'armes à cheval. Ces derniers portent un étendard de sinople, tranché d'or, orné d'un cerf au naturel et d'un triple chevron de sable ainsi que d'une bordure de gueule . Un blason aussi riche et complexe signifie en règle générale que la maison qu'il représente est de basse extraction, et ne dispose guère d'un long lignage. Et pour cause : ces hommes d'armes sont des agents du baron Alcide de Lunegir. Les sons de métal s'entrechoquant du chargement des carrioles n'échappent guère aux oreilles des trois compères lorsqu'ils croisent leur passage.

Plus loin, ils arrivent en vue de l'escalier menant à la cour haute. Un système complexe d'ascenseur de bois et de cordes permettait autrefois de monter les quelques quinze coudées séparant le plateau de la basse-cour. Mais aujourd'hui, ce dernier est réduit à un tas de bois et de cordages de chanvre fumants sur le sol au pied de la falaise rocheuse. Ne reste donc que l'étroit escalier en zigzag qui grimpe vers la tour de la porte. Deux hommes peuvent y marcher de front, en se serrant, et alors que Shéogorath s'engage sur le long escalier lequel compte une petite centaine de marches, il est fréquemment contraint de s'arrêter, et de se serrer, pour laisser passer là une servante chargée d'un baquet d'eau, là quatre homme d'armes bavards, ici un chevalier descendant vers la ville basse ... Finalement, il atteint enfin la Tour de la Porte, ou la sécurité se fait plus forte. La seule évocation du "Connétable Hugues" et d'un "travail" lui permet néanmoins d'entrer sans trop de problème. Dans la haute-cour, il constate alors que les blasons des autres maisons ont disparu au profit de l'étendard d'Or orné d'un aigle de sable et d'un chevron de gueule de la Maison de Lachlay. Une quarantaine d'hommes d'armes ont prit position sur les murs, et d'autres sont occupés à décharger une carriole de diverses armes et armures. Shéogorath y devine des surcots figurant les blasons d'argent tranché de gueule de la maison d'Aumont, et d'Azur à la tour d'Argent de la maison de Touare. La crasse et les marques de boue sur les surcots des soldats Lachlaysiens ne lui laisse cependant aucun doute : ces hommes viennent juste de rentrer d'une opération ... Un certain nombre d'hommes et de femmes à l'apparence malingre et épuisés sont d'ailleurs conduits dans la tour de la prison lorsqu'il atteint la coursive devant l'entrée de la grande salle ... Entrée qui se composait d'un petit pont-levis de bois, empêchant l'entrée dans la tour. On avait jeter une porte en travers du fossé, le pont-levis ayant probablement été détruit pendant le siège, et chaque personne qui passait employait une infinité de précautions afin de la franchir.

Les gardes le firent attendre plusieurs minutes. Plusieurs dizaines de minutes même. Et finalement, un colosse d'une toise de large, et de deux de hauts, se découpa dans l’entrebâillement de la porte, l'ouvrant avec humeur. Il était couvert de pied en cap d'une imposante armure de plate, et portait, fixé dans son dos, une belle épée à deux mains, finement ouvragée. Son visage ovale était encadré de longs cheveux noirs et raides, tirant vers le gris, noués en deux grosses tresses qui tombaient autour de son visage. Une barbe hirsute lui recouvrait le visage, et était elle aussi, nouée en une tresse qui tombait sur son torse. Il passa devant Shéogorath sans même le remarquer, et hurla à l'attention de quelques sergents d'armes, un peu plus bas, de se mettre en route. Un peu plus tard, un petit homme, au tempéremment affable, à l'oeil vif et au ton mielleux vînt accueillir Shéogorath au niveau de la porte. Il lança à l'attention du mercenaire :

Siméon de Boltelune : C'est vous que messire Hugues de Forgeton doit voir n'est-ce-pas ? Suivez-moi. Il va vous recevoir.

L'homme conduisit Shéogorath dans le vestibule avant de le faire pénétrer dans la grand salle. C’était une vaste pièce rectangulaire dans laquelle régnait une atmosphère froide, rude et austère, bien différente du faste chaleureux et multicolore qu'on lui avait connu autrefois. La faute à la ruine et à la désolation qui s’était emparée des lieux. Après le siège et la bataille, plusieurs poutres porteuses de l’étage supérieur s’étaient décrochées, entraînant une partie du plafond avec elle. Cela avait naturellement réduit le plancher en miette, et abîmé certaines boiseries et tapisseries. On avait d’ailleurs retiré toutes les pièces les plus précieuses afin d’éviter qu’elles ne s'abîment davantage encore. Ne restaient que les murs, ornés de fresques somptueuses représentant les plus grandes figures de la maison d’Aumont. Parmi elle, une splendide peinture aux traits fins et délicats représentant une grande femme aux grands yeux verts et aux longs cheveux d’un roux chatoyants trônait sur le mur du fond, à droite de la cheminée.

[Test de connaissance : Noblesse et Royauté pour Shéogorath : 13. Échec. Tu n'as pas la moindre idée de qui peut bien être cette dame. Au mieux sais-tu qu'elle relève de cette famille.]

Un homme, à l'évidence gravement blessé, est assis au fond de la pièce. Il semble occupé à manger et tire une mine inquiète et pensive. Il ne lève pas les yeux de la tranche de pain qui lui sert d'assiette à l'entrée du nécromancien, et échange à voie basse avec les deux capitaines assis en face de lui. Un troisième homme, moustachu, soigneusement rasé, aux cheveux gris soigneusement coupés et encore vêtu d'une cotte de maille sale et d'un surcot tout aussi sale, accueille Shéogorath avec un regard aussi dur que sévère.

Hugues de Forgeton : Vous devez être le mercenaire qu'on m'a annoncé ? Bien. Vos hommes peuvent attendre dehors. Qu'est ce qui vous amène ? La gamine ou la maison de Souane ?

Une ruine. Voilà ce qu'il restait de la prestigieuse, à ce qu'on disait, Forteresse d'Aumont, le centre de toutes les convoitises. Aujourd'hui, il n'en restait plus vraiment que le donjon. Néanmoins, l'activité dans le camp semblait préoccupante, une partie des tentes disparaissaient petit à petit alors qu'une fraction de l'armée sur place semblait sur le départ. Shéogorath était bien curieux de connaître leur identité et leur destination. Mais il décida de se renseigner plus tard. Le Connétable les attendait. Quelques minutes plus tard,il se retrouva en face à face avec une armoire à glace d'une politesse frappante, qui sortait de la pièce avec une joie de vivre non dissimulée.

Finalement, il fut reçu par un homme petit homme, que Shéogorath soupçonnait d'être faussement amical. C'était certainement un noble après tout, et de relativement haute extraction.

Siméon de Boltelune : C'est vous que messire Hugues de Forgeton doit voir n'est-ce-pas ? Suivez-moi. Il va vous recevoir.

Shéogorath se contenta d'hocher la tête et emboîta le pas de son hôte. La grande salle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Quelques fresques somptueuses ornaient encore les murs. Rapidement, Shéogorath fut confronté à un nouvel interlocuteur, moustachu, bien rasé, portant une tenue sale et odorante.

Hugues de Forgeton : Vous devez être le mercenaire qu'on m'a annoncé ? Bien. Vos hommes peuvent attendre dehors. Qu'est ce qui vous amène ? La gamine ou la maison de Souane ?
Shéogorath : Shéogorath, pour vous servir, Messire, du moins, pour un juste prix. C'est à l'affaire concernant la Maison de Souane que je pense être en mesure de vous rendre service.

Shéogorath se tourna vers la fresque, affichant un air faussement excité, comme si il était un fin admirateur d'art. Puis il reporta son attention sur son interlocuteur pour le questionner.

Shéogorath : Puis-je abuser de votre sympathie et vous demander de qui il s'agit sur cette fresque ? Je suis un amateur, certes récemment initié, à l'art. Es-ce la gamine dont vous parliez plus tôt ?

Le Connétable lança un regard en coin à la fresque, dissimula un frisson et répondit, trois tons plus bas :

Hugues de Forgeton : Elle ? C'est Jocelyn de Dreniziac. La pire des sorcières que ce monde ai porté. On disait d'elle qu'elle portait le sang des dragons et que le malin l'avait envoyé sur terre pour corrompre le cœur des hommes. Elle a envoûté nombre de gens avant que notre cher Roi Antoine, alors qu'il était encore Duc, ne parvienne à prouver ses vilenies. Si jamais vous croisez une fillette qui a les mêmes cheveux et les mêmes yeux sur les routes, d'abord méfiez-vous, et ensuite, si vous pensez pouvoir le faire, amenez-là ici. C'est sa fille. Et si la moitié de ce qu'on dit sur sa mère est vrai, alors vous aurez besoin de toute votre compagnie pour attraper sa progéniture.

Il invita l'étranger à le suivre et s'installer sur l'une des rares tables qui restait en état dans la grande salle, l'invitant à s’asseoir en face de lui. Il fit alors signe à une servante pour qu'elle lui amène une carte, et tandis qu'elle disparaissait dans les couloirs de la forteresse pour remplir sa quête, le vieux maréchal prit ses aises, commanda quelque chose à manger, et chercha d'abord à faire plus ample connaissance avec le personnage qu'il avait devant lui.

Hugues de Forgeton : Vous êtes capitaine mercenaire donc. Mais je devine à votre accent que vous n'êtes pas du coin. A vrai dire, je suis même prêt à parier que vous n'êtes même pas Danien n'est-ce pas ? Pénirélien peut-être ?

Une servante déposa bientôt deux grandes tranches de pain devant les deux hommes, une corbeille de fruit, une assiette de lard et une autre de fromage. Un pichet de vin de table, quoique d'un bon cru ... Sans doute un Guevranais, accompagnait l'ensemble. Le soldat se servit deux généreuses tranches de viande, ainsi que divers fromages aux goûts, souvent assez prononcés. Il se réserva une poire dans la corbeille, et, voyant que Shéogorath hésitait, fit un moulinet avec sa dague pour l'inviter à se servir.

Hugues de Forgeton : Mangez mon brave. C'est de la bonne qualité, et il ne sera pas dit que le Duc Lachlay fera défaut à la réputation d'hospitalité de ces lieux. La bonne chaire et les repas copieux risquent de se faire rare dans les mois qui viennent. La guerre des Rois est terminée. Et elle n'a pas laissé le pays indemne. Celle des seigneurs commence, et elle ne lui permettra pas de se rétablir avant longtemps ...

Shéogorath réprima un fou rire avec un professionnalisme digne des plus grands comiques. Le Connétable n'y connaissait tristement rien en magie. C'était visiblement un ignare qui répétait les inepties qu'il avait dû entendre de gens pas plus informés plus lui. La magie avait un prix, la magie demandait des sacrifices. Shéogorath s'amusa de la situation, car c'était précisément le genre de fables qu'il aurait pu inventer pour maintenir ses interlocuteurs dans l'ignorance. Et, preuve à l'appuis, ces derniers se faisaient un plaisir de les colporter.

Les différentes formes de magies permettaient de faire bien des choses différentes, mais corrompre les cœurs des hommes ou les envoûter, c'était pour un adepte de la magie risible. Les hommes sont de nature faible et influençable pour ceux qui savent exploiter ces faiblesses. C'était ce que Shéogorath estimait le mieux faire. Néanmoins, le nécromancien garde cette petite histoire de côté dans sa tête, afin de la ressortir plus tard. Shéogorath ne savait pas qui avait bien pu la colporter en premier, mais il était certain qu'il allait y contribuer. Il nota aussi le frisson que le Connétable s'était efforcé de réprimer devant lui. Quelle ait été, ou non, une sorcière ne changeait rien au fait que cet homme la craignait, malgré son rang et sa stature. Il n'était peut être pas si bête que ça finalement, car la magie est terrifiante et dangereuse.

La gamine en revanche, pouvait avoir une certaine valeur si elle possédait effectivement du sang de dragon. Vivante ou morte et ressuscité. Une pièce de sa valeur compléterait parfaitement son petit groupe, sans compter son sacrifice qui pourrait apporter à Shéogorath de nombreux pouvoirs.

Hugues de Forgeton : Vous êtes capitaine mercenaire donc. Mais je devine à votre accent que vous n'êtes pas du coin. A vrai dire, je suis même prêt à parier que vous n'êtes même pas Danien n'est-ce pas ? Pénirélien peut-être ?
Shéogorath : Messire a l'ouïe fine. Effectivement, je ne suis pas de la région, bien qu'il me tarde d'en apprendre plus sur ces terres. Je suis né dans le grand nord, au sein des clans et seigneuries des Varègues. Mais c'était il y a plus d'un demi siècle. J'ai parcouru le monde en quête d'aventures et d'histoires à raconter. Peut être un jour, me raconterez-vous les vôtres autour d'un bon repas et d'un feu.

Shéogorath détournait suffisamment bien la question de manière à ne pas répondre vraiment, sans pour autant froisser son futur employeur qui pourrait se sentir flatté, pour le peu qu'il soit un minimum fanfaron. Suite à ça, il suivit le Connétable jusqu'à l'une des rares tables encore en état. De plus, le maître des lieux s'assura qu'ils aient de quoi boire tous leurs sous.

Hugues de Forgeton : Mangez mon brave. C'est de la bonne qualité, et il ne sera pas dit que le Duc Lachlay fera défaut à la réputation d'hospitalité de ces lieux. La bonne chaire et les repas copieux risquent de se faire rare dans les mois qui viennent. La guerre des Rois est terminée. Et elle n'a pas laissé le pays indemne. Celle des seigneurs commence, et elle ne lui permettra pas de se rétablir avant longtemps ...
Shéogorath : Mes connaissances sur la situation actuelles sont imparfaites, mais je m'efforce d'écarter ces lacunes. Le Roi Antoine n'avait-il pas nommé en personne notre bien heureux Duc, Runas de Lachlay, à la tête du Duché ? Et c'est sans compter sur les nombreuses lames à votre service tout autour de cette place forte. Le colosse que j'ai croisé à mon arrivé me semblait en mesure de tenir un rempart à lui seul !

Shéogorath s'interrogeait sur son identité et les raisons de son visible mécontentement. Le Nécromancien trouvait aussi curieux qu'une partie de la garnison s'apprête à lever le camp, alors qu'Aumont était le cœur du pouvoir et la place forte à détenir pour exercer son autorité sur le Duché. Quiconque, qu'il soit ou non, ayant l'ambition de régner sur les autres, ne peut espérer le faire sans contrôler cette forteresse symbolique, si même lui l'avait deviné, le Connétable devait en être conscient. Ce qui rendait d'autant plus inquiétant, pour eux hein, pas pour lui, le départ de tous ces hommes.

Shéogorath : Je crains de devoir remettre mon destin entre vos mains dans ce cas. La guerre entraîne inéluctablement du banditisme et des routes peu sûr. C'est une situation peu confortable pour un vieillard comme moi. Je ne suis pas un homme d'action, je préfère étouffer l’incendie avant qu'il ne monte en puissance, plutôt que d'affronter les flammes avec de nombreux seaux d'eau. Dites-moi, Messire, que puis-je faire pour vous aider à garantir ma sécurité ?  

En laissant croire qu'il avait besoin de lui, Shéogorath le mettait volontairement dans une situation dominante. Le nécromancien attrapa une pomme et un verre de vin, attendant la réponse du Connétable.

[Test de psychologie pour Shéogorath : 15. Réussite simple. On s'est joué de toi.]

Forgeton s'interrompit alors un instant. Il plongea son regard dans les yeux du bonhomme en face de lui, et ce dernier put y voir l'expérience d'un homme qui avait fait la guerre pendant les quinze dernières années de sa vie, et en conséquence, qui savait parfaitement de quoi il retournait quand il s'agissait d'aborder les questions militaires. Il comprit qu'il avait ici affaire à un vétéran, et que loin d'être un vieillard superstitieux et débonnaire, Forgeton n'avait pas acquis sa position d'homme de confiance du Duc de Lachlay par de jolis mots et de belles paroles, mais par des actes et des décisions aussi concrètes qu'efficace. Il comprit aussi que le vieillard venait de passer cinq minutes à le faire parler autour de petit dialogues et discussions sans importances uniquement afin de briser la glace, et de savoir exactement quel genre de bonhomme il s'apprêtait à engager. Il comprit enfin que sa prochaine réponse risquait fort de faire la différence entre lui, repartant avec un juteux contrat en poche et la confiance du Duc pour ses missions ultérieures, et lui, jeter dehors par la grande porte à grand coup de pied au derrière, sans pourboire et sans dessert.

Hugues de Forgeton : De combien d'hommes disposez vous exactement monsieur ? ... Monsieur ? fit le Connétable alors que ses deux pupilles semblaient passer le magicien aux rayons x.

Les deux hommes se jaugeaient du regard, cherchant à deviner les pensées de l'autre. Shéogorath s'attendait à des réponses, qui ne vinrent jamais. Le Connétable changea brutalement de comportement et se montra offensif.  Shéogorath garda son sang froid et lui répondit d'un ton calme et froid, sans le quitter des yeux.

Hugues de Forgeton : De combien d'hommes disposez vous exactement monsieur ? ... Monsieur ? fit le Connétable alors que ses deux pupilles semblaient passer le magicien aux rayons x.
Shéogorath : Je dispose de deux hommes, des vétérans de guerres. L'un d'entre eux dispose de compétences atypiques, idéal pour assurer la disparition de quelqu'un. Quand à moi-même, je puis me faire aussi bien passer pour un marchand, qu'un noble ou un paysan. Comme je vous le disais plus tôt, je préfère prévenir les conflits, plutôt que de les affronter plus tard de face. Et c'est, à ce qu'il me semblait, ce dont vous recherchiez, non ?

Le connétable se recula sur sa chaise et fit la moue. Il se passa la main dans sa barbe et se gratta le menton d'un air gêné.

Hugues de Forgeton : Je vois ... Hum je pensais avoir affaire à un capitaine fort d'une troupe d'une quarantaine d'hommes à minima. Deux combattants, aussi rodés et capables soient-ils, ne suffiront malheureusement pas pour cette opération. Nous avons besoin d'une compagnie nombreuse et capable. Cependant, quelqu'employeur local pourra sans doute vous offrir un bon prix ici afin que vous ne vous soyez pas déplacés pour rien. Et Dieu sait si nous avons besoin de mettre de l'ordre dans cette baronnie. Un siège n'est généralement pas sans conséquences pour la populace locale ...

Hugues réfléchit quelques secondes en se massant le front. Finalement, il lui sembla se rappeler de quelque chose, et il reprit :

Hugues de Forgeton : Je sais que le baillis du Duc Louis Maximilien cherchait un chasseur de prime capable il n'y a pas deux semaines. Avec le siège, il est probable que cette affaire n'a toujours pas été réglée. Le Duc Runas a chargé l'un de ses chevaliers, Charles de Lonvois, des affaires courantes en ce qui a trait au maintien de l'ordre à Aumont. Allez le voir, il pourra sans doute vous en dire plus. Vous devriez également faire un tour à la Taverne dans le village. Les locaux ont pour habitude d'y laisser avis et offres d'emplois. Il est possible qu'entre deux papiers sans intérêts, ils proposent quelque chose de plus digne de vos compétences. Attention cependant, ces contrats ne paieront probablement pas aussi bien que les affaires du Duc.

Et ce faisant, il prit congé, invitant Shéogorath à finir son repas tranquillement avant de partir. Au même moment, au bout de la salle, le boiteux décida finalement de prendre congé de ses deux collègues et abandonnant sa cathèdre en claudiquant. Il s'engagea doucement sur l'escalier qui conduisait à la mezzanine supérieure, aidé par deux servantes, puis disparut dans les couloirs de la forteresse. Hormis les gardes, et deux domestiques occupés à nettoyer les tables et à remettre de l'ordre, Shéogorath était de nouveau seul dans la forteresse.

Shéogorath comprit qu'on lui avait menti ou que la rumeur était fausse. Lui, pensait qu'il s'agissait d'une affaire de cour, qui se réglait souvent avec coup de poignard dans le dos, mais visiblement la situation n'était pas celle qu'il escomptait. Le vieillard haussa les épaules, c'était dommage, mais finalement, il s'en fichait. Néanmoins, si une chose l’intriguait, c'était cet homme boiteux qui se montrait discret et silencieux. Qui était-il ? Shéogorath était d'un nature curieux, une curiosité qu'il ne pouvait s'empêcher d'assouvir. Une chose était certaine, cet homme aurait dû être au minima un évêque, puisqu'il siégeait sur une cathèdre, "la chaise de l'évêque". Mais ça ne semblait pas être le cas, il n'avait pas l'air d'un religieux au premier abord. Ce qui ne manqua pas d'intriguer encore plus le nécromancien.

Lorsque le boiteux se décida à quitter la pièce, Shéogorath en fit autant, attendant quelques secondes plus tard, que le bonhomme soit parvenu à prendre les escaliers. Afin d'opérer un premier contact, Shéogorath fut tenté de lui proposer son aide, mais des servantes le prirent de vitesse. Alerte, il observa rapidement autour de lui, cherchant un objet que l'handicapé aurait pu oublier, puis il monta les escaliers à son tour et se dirigea vers la sortie, cherchant un garde pour lui demander où se trouvait le Chevalier Charles de Lonvois. Shéogorath grava le visage du boiteux dans sa mémoire, lorsqu'il sortit, il chercha néanmoins à voir par où il était parti.

Dans la cour, Shéogorath retrouve ses deux compagnons, et constate que l'ensemble des gardes de la Maison de Lunegir qu'il avait put croisé ont disparu. Le boiteux pour sa part, avance au milieu de la foule, qui lui laisse largement de la place pour progresser, tandis que les deux servantes le soutiennent dans sa marche. Il se dirige en claudiquant vers le donjon, salue quelques hommes, souvent des nobles au vu des blasons qui ornent leurs tenues, et s'arrête pour échanger quelques mots avec un chevalier, vêtu de pied en cap. Ce dernier dirige un petit groupe d'hommes d'armes montés. Et alors qu'ils prennent congé, Shéogorath entend clairement le-dit boiteux lui souhaiter bonne chance et bonne route, et le chevalier le remercier respectueusement, ajoutant un "messire" au passage.

Alors qu'il demande son chemin à une servante, laquelle porte deux seaux surchargés d'une claire et pure, cette dernière lui indique l'armurerie, au premier étage du donjon. Le Chevalier s'y est rendu quelques instants plus tôt afin de vérifier les stocks de flèches apparemment. En s'éloignant, Shéogorath peut l'entendre bougonner quelque chose au sujet d'un ogre et disparaître dans la tour d'habitation, ses deux seaux d'eau aspergeant allègrement quiconque la croise.

Le magicien déambule donc dans la cour en direction de son objectif. Mais alors qu'il marche vers le-dit château, il constate bientôt qu'une neige fine et humide commence à tomber sur la cour. Elle ne tient pas. Mais pour les Aumontois, reclus à d'aussi hautes altitudes, cela signifie surtout que l'hiver vient. Et si un manteau blanc devait recouvrir les cimes des montagnes de Brumes Orientales un huit octobre, cela signifie aussi qu'il sera froid, et dur. Et que l'on ne saurait s'aventurer trop loin parmi les cimes enneigées sans s'y être soigneusement préparé. L'acquisition de couvertures en fourrure chaudes, et de manteaux rembourrés risque fort de s'imposer sous peu ...

Dans un premier temps Shéogorath se demanda ce qu'il pouvait bien foutre ici. C'était vrai après tout, à l'origine, il était né dans les Seigneuries Varègues, où l'on côtoyait le froid chaque jours. Le destin avait voulu le libérer de la neige lorsqu'il l'a mené jusque dans les pays chauds du sud. Et voilà que maintenant, il était ici, à se peler les miches. Ainsi, comme je disais, il se demandait qui avait pu prendre la décision de se rendre dans ce lieu. Du moins, il se le demanda jusqu'à ce qu'il se souvienne que c'était son idée. Suite à ça, il parvint à trouver des excuses qui justifiait cette décision. Tout s'arrangeait ainsi.

Aux premiers abords, le boiteux était un homme important. Du moins, c'est ce que laissait entendre le "messire" dont il jouissait de la part des autres nobles. Shéogorath devait se rendre au premier étage du donjon, donjon où semblait se rendre aussi l'homme boiteux.

Le magicien décida de s'occuper du problème du froid après sa rencontre avec le fameux chevalier.

Le donjon d'Aumont était une grande tour ronde, large d'une quinzaine de coudées, et haute de cinquante, qui culminait au sommet du point le plus haut de l'a-pic rocheux sur lequel était construite la forteresse. La tour surplombait toute la vallée, et au sud-ouest, d'aucun disaient que, par temps clair, on pouvait voir le cour paresseux de l'Ibren, à quinze lieues de là. La tour, faite en granit sombre, se composait de pierres relativement uniformes, soigneusement ajustée, et était réputée comme un chef d'oeuvre de l'architecture Danienne et Aumontoise, un cas d'école du parfait donjon Danien. Comme l'affectionnait les Aumontois, elle était sobre, présentait peu de fioritures, et peu de fenêtres, et ces dernières étaient situées proches de son sommet, dans le logis seigneurial, et particulièrement fine et étroites. Le long de la muraille extérieure, que l'on distinguait depuis la cour, Shéogorath repéra quelques impacts de trébuchet. Ces derniers semblaient à peine avoir égratignée la tour. Et l'explication se trouvait dans l'épaisseur du mur de pierre, que le Varègue constata alors qu'il passait la porte : une bonne coudée de cailloux soigneusement ajustés par un mortier blanc et solide constituait le mur de ce colosse de pierre.

Naturellement, il faisait beaucoup plus chaud à l'intérieur. Un grand hall l'accueillit directement, au centre duquel se trouvait le trône ducal. Autrefois très beau, soigneusement sculpté, et orné de dorures et de pièces de mithril et d'argent, ne restait que les sculptures aujourd'hui. Visiblement quelqu'un s'était servit sur les pièces de métaux précieux, et en avait profité pour buriner à la pioche les visages de quelques sculptures. Cela se voyait d'ici ... La pièce était du reste relativement austère : un portique roman en faisait le tour, et le sol était de pierre nue et brute. Il avait peut-être autrefois été couvert de tapis précieux venus d'Egurie. On disait après tout du Duc qu'il était un ami des Mahometan. Mais là aussi quelqu'un s'était sans doute servi. Shéogorath en eut la confirmation quand il remarqua qu'une partie du dallage était plus sombre que l'autre, et que la coupure entre les deux était particulièrement nette.

Un serviteur lui indiqua bientôt son chemin, et Shéogorath fut conduit par une petite porte, sur le côté, à un escalier qui descendait au sous-sol. La, taillé à même la roche, il pénétra dans le vaste réseau de galerie qui se trouvait sous la forteresse d'Aumont. On prétendait que c'est par là que la jeune Liana s'était échappé pendant le siège. Pour Shéogorath, ces galeries de pierre nues n'étaient qu'une succession de portes, dont la plupart avait été défoncées à la hache, et leur contenu pillé. Dans ces petites pièces, il constata cependant la présence de crochets, de tonneaux, et de caisses défoncées. Les grains de blé répandus par terre ne laissaient aucun doute quand à leur contenance : c'était les greniers. Plus loin, quelques armes abandonnées, des flèches laissées par terre, et des vouges et autres lances brisées ... l'Armurerie ... De l'une des alcoves, il entendit alors la voix graveleuse et puissante d'un homme d'âge mur tonner :

Charles de Lanvois : ... lances, dix-huit vouges, dont sept auraient besoin de réparations, quinze épée, et treize masses ... C'EST TOUT CE QUE CET ENFANT DE PUTAIN A LAISSE ?

Une seconde voix, que Shéogorath reconnu aussitôt parce qu'il l'avait déjà entendu, répondit bientôt :

Siméon de Boltelune : Le duc Runas avait sentit le coup venir. Ne vous en faites pas Charles mon cher. Les épées se rachètent, et les réserves se reconstituent. L'hiver vient. Au printemps, les stocks seront de nouveau là, et nous serons prêt à accueillir ce cher Alcide s'il décidait de trahir ses engagements.
Charles de Lanvois : La moitié du trésor, toute les réserves des greniers, et toute l'armurerie ... J'ai déjà prit mon dû qu'il a dit hein ? Avec ce qu'il a prit, sa forteresse, il peut se la carrer là ou je pense. Si j'apprends que Runas cède à ses suppliques pour gagner un allié, je te jure que je file chez Thierry de Saintois. Lui au moins il ne s'arrêtera pas avant de lui avoir fourrer un carreaux d'arbalète entre les deux yeux ... Ou de l'avoir pendu à son propre donjon !
Siméon de Boltelune : Le Duc.
Charles de Lanvois : Quoi le Duc ?
Siméon de Boltelune : Messire Runas de Lachlay est Duc. Quelque soit la force de votre amitié, vous ne devriez pas l'appeler aussi familièrement. L'homme leva les yeux vers la porte à cette instant, et constata la présence de Shéogorath dans l'encadrement. Ah, mais je vois que vous avez de la compagnie.

L'autre leva les yeux de la caisse de matériel vide qu'il venait de renverser en shootant dedans, et se retourna en direction du nouvel arrivant.

Charles de Lanvois : C'est vous l'épée à louer ? Ca vous intéresse de vous faire deux mille Danegelds ?

Shéogorath ne doutait pas que cette forteresse fut un chef d'oeuvre avant sa partielle destruction. Rien que les restes en imposaient, malgré les dégâts dû au siège ou aux pillages. Le magicien n'était pas particulièrement spécialiste, mais c'était évident même pour lui.

La porte que lui indiqua le serviteur, donnait sur un long escalier qui descendait dans les galeries souterraines. Tandis qu'il se rapprochait de l'endroit d'où provenait les deux voix, Shéogorath décida de s'arrêter avant d'arriver devant l'encadrement de la porte, qui était ouverte, ou défoncé par des coups de haches. Si il reconnut rapidement la première voix, qu'il avait entendu quelques minutes avant avec le Connétable, le nécromancien devina que l'autre homme, était son interlocuteur. Ce dernier semblait parler familièrement du Duc, mais il parlait aussi d'un autre homme et de trahison. Shéogorath se demanda si il s'agissait du rustre furax qui avait manqué de le renverser à son arrivé devant la salle commune où l'attendait le Connétable.

Toutes ces informations, il les collectait, il gravait les visages associés dans sa mémoire. C'était l'une de ses forces, sa mémoire et son instinct. C'était chose rare qu'un nécromancien atteigne un age aussi avancé que lui.

Charles de Lanvois : C'est vous l'épée à louer ? Ca vous intéresse de vous faire deux mille Danegelds ?
Shéogorath : C'est exact, Messire. Shéogorath, pour vous servir. Du moins, pour le juste prix. C'est le Connétable qui m'envoie. Que puis-je pour vous ?

Le chevalier adressa un signe de la main au garde qui accompagnait Shéogorath, et ce dernier s'éclipsa. Siméon de Boltelune, à côté, resta sur place et se saisit d'une caisse vide qu'il retourna pour en faire un siège improvisé. Shéogorath eut alors le temps de dévisager chacun de ses deux interlocuteurs : Charles était un grand type bourru, au visage buriné par la route et le temps atroce qui régnait en Aumont. Et il venait de l'Est du Duché, dans le Holzberg. Autrement dit, dans une région dont le point le plus bas se trouvait déjà à quelques cinq cent coudées au dessus du Val d'Ibren, ou la végétation locale se composait surtout de pins, et de hauts alpages, et ou les résidents locaux étaient pour l'essentiel des francs et des celtes aux mœurs dures, et à l'attitude orgueilleuse, fière, et hautaine. Des types nés dans un environnement difficile, dont la vie et le physique avait été façonné par cet environnement. De bon guerriers, cela va sans dire, mais aussi, et surtout, des survivants et des pionniers. Bref, le genre de personnes indépendantes, très autonomes, qui refusaient facilement l'autorité, et se respectaient mutuellement mais observaient tout les étrangers avec un certain mépris et une bonne dose de rejet. Il semblait que Charles de Lanvois ne faisait pas exception à la règle, puisqu'il parcourut Shéogorath de la tête au pied avant un certain air d'incrédulité sur le visage.

Charles de Lanvois : On laisse vraiment n'importe qui devenir mercenaire de nos jours.

A ses côtés, Siméon de Boltelune était un petit bonhomme affable, aux cheveux d'un noir de jais, coupé mi-long et plaqué sur son crâne, à la mode de Venian. Il était Danien, à n'en pas douter. Son accent le trahissait. Mais le personnage, propre sur lui et méticuleux, semblait beaucoup mieux disposé à l'égard de Shéogorath. A moins que ce ne soit qu'une façade. Dans tout les cas, il l'observait, un sourire énigmatique vissé sur son visage, entre sa moustache soigneusement taillée et sa petite barbiche.

Charles de Lanvois : Enfin ... Ce n'est pas mon problème en fait. Le paiement n'arrivera que si vous revenez vivant après tout. Messire de Boltelune me disait en arrivant tout à l'heure que vous n'aviez pas de vraie compagnie pour ce travail. Tant mieux. Peut-être que cela vous amènera à gérer ces deux problèmes avec discrétion et subtilité. On ne peut pas dire que ce soit dans le caractère habituel des gens de votre profession. Et je dois dire que ça nous ferrait du bien pour changer.

Je vous explique votre travail donc. On a un peu farfouillé les archives du Duc d'Aumont, le seul truc que ce rapace de Lunegir n'ait pas embarquer avec lui dans ce foutu tas de cailloux ... ajouta-t-il en lançant un regard en coin à Siméon.
Simon de Boltelune : In Archivis Veritas Est. C'est sans doute sa plus grande erreur. L'Or se gagne, les réserves se reconstitue. Mais les archives sont l'histoire d'une baronnie sire Charles. Et c'est grâce à elle que nous pourrons gérer ces terres correctement, et grâce à elle que nous les remettrons en douceur sur les rails.
Charles de Lanvois : Oui. Et quand Alcide débarquera sous nos murs avec mille hommes payés avec nos sous et armés avec nos lances, nous lui jetterons des caisses de papier au visage. Il est bien connu que le papier est une arme dévastatrice contre le cuir et l'acier.
Siméon de Boltelune : La plume est plus forte que l'épée, répondit l'autre avec un air malicieux.
Charles de Lanvois : OUAIS ... Assez de platitudes ... Je disais donc qu'on a trouvé les minutes d'une audience, donné par le Duc aux paysans du village de Quatremont ... Ou plutôt à l'envoyé du seigneur du coin accompagné par une trentaine de pécores bouseux qui piaillaient dans tout les sens ... Ils se plaignaient de quelque chose, rien de très clair toutefois, mais quelque chose, qui les empêchait de dormir la nuit, des hurlements délirants et de cauchemars dans la nuit. Probablement juste des loups si vous voulez mon avis. Mais passons. Il y a mille danegelds pour vous si vous vous rendez la-bas et que vous identifiez la cause de ces terreurs, et nous en débarrassez.

L'autre contrat se trouve dans la région située à la frontière de Touare. Pendant le siège d'Aumont, une bande de brigands a profité du chaos ambiant pour s'installer dans une ancienne ruine : un vieux fortin celte occupait l'endroit il y a huit siècles de cela. Il ne reste plus que les fondations en pierre et quelques talus de la construction d'origine. Mais elle est suffisamment bien positionnée et entourée de défenses naturelles relativement importantes. Cela rendrait un assaut frontal assez coûteux en hommes. Et le Duc craint que la Baronne Grâce de Touare ne profite de ces malandrins pour accroître ses propres forces militaires et gêner nos installations à plus long terme dans la baronnie. Dispersez les brigands ... Ou tuez les tous ... Ou que sais-je encore. La manière m'importe peu, ce qui compte c'est le résultat. Le Duc veut installer une garnison sur cet ancien oppidum et menacer l'entrée de la Vallée de Touare. Là aussi, c'est mille Danegeld une fois la mission accomplie.

Son laïus terminé, le garde revînt, portant avec lui deux étuis à parchemin. Sur un geste du chevalier, il les tendit à Shéogorath, et De Lanvois :

Charles de Lanvois : Nous en avons terminé ici. Vous pouvez disposer.

Terreurs nocturnes

Client : Charles de Lanvois (Maison de Lanvois, Partisans des Lachlay).
Lieu du contrat : Quatremont
Réputation minimale : -25
Récompense : 1 000 Danegelds (100 Ducats)
Gain de Renommée : +1 Point
Gain de Réputation :

• Maison de Lanvois : +10 Points
  
• Petit peuple du Duché : +25 Points
  
• Partisans de Lachlay : +5 Points
  

Pénalités en cas d’échec :

• Pas de perte de renommée
  
• -5 points de Réputation envers la Maison de Lanvois
  

Difficulté du contrat : Facile à complexe
Nombre de batailles estimées : 1 (rencontres aléatoires exclues)
Durée : Quelques jours IRL
Description : Apparemment, le village de Quatremont, à l'Ouest du Comté d'Aumont, est la proie de terreurs nocturnes d'origine inconnue. Rendez vous sur place. Comprenez ce qu'il se passe, et faites le ménage.
Objectifs : Régler le problème des terreurs nocturnes de Quatremont.

La forteresse des bandits

Client : Charles de Lanvois (Maison de Lanvois, Partisans des Lachlay).
Lieu du contrat : Frontière de Touare
Réputation minimale : -25
Récompense : 1 000 Danegelds (100 Ducats)
Gain de Renommée : +1 Point
Gain de Réputation :

• Maison de Lanvois : +10 Points
  
• Partisans de Lachlay : +5 Points
  
• Petit peuple du Duché : -15 Points
  

Pénalités en cas d’échec :

• Pas de perte de renommée
  
• -5 points de Réputation envers la Maison de Lanvois
  

Difficulté du contrat : Facile
Nombre de batailles estimées : 1-3 (rencontres aléatoires exclues)
Durée : Une à deux semaines IRL
Description : Des bandits menacent l'ordre public aux frontières de la Baronnie d'Aumont. Nettoyez la forteresse et dispersez les brigands.
Objectifs : Trouvez un moyen de disperser les brigands.

Shéogorath se contenta d'ignorer la provocation du chevalier, considérant qu'il était préférable d'être sous-estimé, poussant son vis à vis à abaisser sa garde. Les deux contrats étaient intéressants, relativement bien payé, même si comme le Connétable l'avait affirmé : "pas autant que le Duc."

Néanmoins, le Nécromancien jugea qu'en accomplissant ces missions, on lui confierai probablement d'autres contrats plus prenants. Ces petits contrats avaient aussi l'avantage de ne pas attirer l'attention sur lui, ce qui lui convenait parfaitement.

Satisfait, Shéogorath hocha la tête et remercia le chevalier. Nul besoin de tergiverser, il s'empara de son parchemin. Sans plus de formalité, le magicien sortit après avoir été congédié et se rendit auprès de ses hommes. Après toutes ces allées venus, il commençait à se repérer dans cette ruine.

Apercevant son arrivée, Galen et Cicéron vinrent à sa rencontre, curieux et impatient. D'un geste de la main, le vieillard leur coupa l'herbe sous le pied et prit la parole :

Shéogorath : Mes vieux os souffrent du froid et nous allons devoir crapahuter dans ce duché misérable. Nous sommes loin des glorieuses cités arabes, mes amis. Et de sa douce et réconfortante chaleur. Galen, voici quelques crédits, trouve-nous de quoi nous tenir chaud pendant nos voyages.  Et prend nous quelques vêtements de pouilleux.Nous pourrions en avoir besoin.
Galen : Quand partons-nous ?
Shéogorath : Au plus tôt, Galen. Dès ton retour. Plus vite nous aurons réglés ces affaires, plus vite nous pourrons passer à des choses sérieuses. La paye n'est pas négligeable, non plus. Quant à toi, Cicéron, va-t'en écouter les discutions des gardes, que ce soit dans la taverne ou vers les campements. J'ai le sentiment qu'ils se préparent à un siège, le chevalier l'a sous-entendu, du moins. Si ce Charles de Lanvois venait à mourir avant de nous payer, nous ne serions pas bien avancé.

L'elfe et le muet s'attelèrent à leurs tâches. Lanvois avait menacé de changer d'allégeance pour un certain Pierrick de Proudhon, ou Thierry de Saintois, un nom du genre. Il avait aussi parlé d'une rivale, une baronne, de Touare à ce qu'il disait. C'était pour se protéger d'elle, que le Duc cherchait à s'approprier cette forteresse. Bien qu'il ne comprenait pas tous les enjeux ainsi que les noms de tous les participants, Shéogorath songea qu'on lui avait pas menti : Ce duché se donnait à un sinistre jeu de chaises musicales. Le nécromancien savourait déjà les mauvais qu'il mettrait aux uns et aux autres.

Attendant le retour de ses compères, Shéogorath se remémora les gestes et les mimiques du boiteux qu'il avait aperçu quelques heures avant. Quelque chose lui disait qu'il était important dans ce jeu de nobliaux.

Spoiler:

Galen revînt rapidement, les bras chargés de trois épais manteaux en fourrures de lièvres et de trois ensembles de tenues en fourrure également. Quoiqu'assez grossières, ces dernières restaient cependant assez élégantes. Connaissant les goûts raffinés de son maître, il avait ainsi estimé préférable de choisir de se faire passer pour des voyageurs issus de la "classe moyenne" de la paysannerie, plutôt que pour des mendiants ou des journaliers. L'ensemble lui en avait coûté la modique somme de soixante Danegelds. Mais lui avait prit le restant de la matinée. Il était donc aux alentours de midi lorsque Galen revînt dans la haute cour pour retrouver son seigneur lequel s'était livré à ... ses pitreries habituelles ? Du moins était-ce ce qu'il pensait ... Pendant ces quelques heures de négociations marchandes, naturellement, les environs de la forteresse avaient été littéralement désertés par les forces armées de l'Armée Royale, laissant à peine la soixantaine de sergents des Lachlay, et la demi-douzaine de chevaliers vassaux dans la place forte. Autour du fort, la prairie s'est ainsi vidée de toute présence militaire, laissant les champs piétinés et une bonne partie des cultures qui n'avaient put être récoltées en friches dans la campagne ...

Naturellement, Cicéron avait également rempli sa mission. Mais il n'avait malheureusement pas appris beaucoup plus. Les dirigeants de l'endroit se préparaient à la guerre. Il faut dire qu'ils étaient cernés par des ennemis : au nord, le baron de Saintois, dont, fort heureusement, les hommes se gargarisaient de tenir la fille en otage. Au sud, les Lunegir, dont personne n'avait l'air de savoir ce qu'il fallait attendre, et la maison de Touare, dont, apparemment, le duc Runas venait juste d'occire le grand manitou : Alfric de Touare, aussi appelé "le meilleur chevalier du Royaume", un cavalier dont la réputation dépassait les frontières de Dania, et dont le nom était craint jusqu'à Dyrrachuse et Palhènes. Au passé apparemment, car Runas avait occis ce dernier la veille, sur les berges de la Granrive, sans doute un peu par talent, plus probablement avec beaucoup de chance ... Bref, il fallait donc s'attendre à ce que sa veuve ne se montrasse aucunement bien disposée envers le nouveau maître des Lieux. Au nord-ouest, par delà la passe de Ferlynn, se trouvait le bourg de Ferlynn, une menace fantôme aux yeux des gardes, car ce village de montagne serait non seulement bientôt totalement coupé du monde par le gel, mais en plus, parce qu'il ne comptait qu'une garnison minuscule.

[Test de connaissance : Noblesse et Royauté : 9. Échec.]

Au nord-est se trouvait la riche cité lainière et marchande de Harlesanje, laquelle était alliée aux Lunegirs, et à l'Est, derrière un cordon de cités Aumontoises, se trouvait les terres du Comte de Darmont, lequel constituait une menace non négligeable aux forces du Duc Runas à moyen terme, du fait de ses prétentions sur son titre. Pourtant, que ce soit les Lunegirs, les Darmonts ou les Lachlay, tous étaient alliés, et avaient plutôt l'air de vouloir s'entendre. Les Aumontois étaient la menace à éliminer apparemment ...

Quoiqu'il en soit, le bourg de Quatremont se trouvait tout de même à une bonne journée de marche d'Aumont, et la forteresse occupée par les brigands à une journée de plus au moins. En conséquence, il allait y avoir un petit bout de route à parcourir avant d'atteindre l'emplacement de ces futurs contrats ... Fallait-il partir immédiatement et dormir à la belle étoile ? Ou plutôt chercher une auberge ou dormir cette nuit dans le village ?

Récapitulatif du tour :
Achat d'une tente de fourrure, 3 Manteaux, 3 couvertures et 3 tenues de fourrure : 155 Danegelds.

[L'Auberge du Corniaud n'existe pas à Aumont. C'est l'Auberge de la Courtine ^^. Mais elle a brûlé pendant le siège. Reste la Taverne du Bordeleaux, ou je pense que tu es allé. Voir ici]

La Taverne du Bordeleaux était, pour ainsi dire, presque à l'abandon. Le propriétaire venait tout juste de revenir, après s'être carapaté dans les montagnes pendant deux mois pour échapper au siège, et il terminait de faire le ménage dans son établissement, qui avait allégrement été pillé par les troupes du Roi. Il n'avait plus beaucoup de vaisselle, et plus beaucoup de vivres à offrir. Lorsque Shéogorath vînt toquer à sa porte pour trouver un endroit ou dormir et ou manger pour lui et ses deux sbires, le petit homme rondouillard se montre immédiatement prévenant, affable, et sympathique à l'égard de son premier client depuis fort longtemps. Il se plie en quatre pour le servir et accepte de lui offrir le couvert, et le repas, s'il s'en va prévenir la garde et les habitants qui viennent de revenir s'installer, que son établissement est ouvert, et que ce soir, il y aura un barde dans la salle, et de la bière à moitié prix.

Sans cela, il apparaît assez clair à Shéogorath qu'il risque fort de manger tout seul, et de chanter pour la mère de Bordeleaux, une tenancière aussi prompte à l'embonpoint et aux commérages que son mari. En effet, tout deux était occupés à remettre de l'ordre dans l'endroit, défoncé par les troupes du Roi, à trier leur vaisselle et à ressortir leurs étagères avec leurs couverts les plus précieux (en fer, ainsi que quelques poteries particulièrement jolies et bien sculptées). Le tas de détritus, porcelaine et argile brisé à côté de la porte laisse peu de doute quand à l'état potentiel dans lequel il a retrouvé sa taverne il y a trois jours ...

Shéogorath était satisfait, la gratuité était presque gagné. Lorsqu'il passait sa main dans sa poche, il ressentait des piqûres d’oursins. Le vieillard se tourna vers ses deux compères qui le dévisageait, Galen se demandait même ce que le vieux fou avait pu encore inventer pour ne pas payer. Néanmoins, il y avait un bémol, il fallait attirer des clients dans l'auberge et ça, ce ne serait pas chose aisée.

Galen :Qu'es-ce qu'on fait maintenant ? Comment on attire des clients dans cette auberge miteuse ?
Shéogorath :Galen, tu iras dans les casernes, dis leur qu'il y aura une représentation exceptionnelle, ce soir, dans la taverne. Un grand artiste, connu jusque dans les Emirats Arabes, rendra hommage aux soldats qui ont prit cette forteresse.
Galen :Hein ? Mais qui ça ?
Shéogorath :Allons Galen, tu n'as jamais entendu parlé de Don Shéogorath ? On raconte qu'il chante tel un ange et qu'il raconte des histoires passionnantes !

L'elfe blanc le regarda bouche bée. Le vieux était vraiment timbré.

Shéogorath :Quant à toi, Cicéron, dégotes nous une casserole et une louche aux cuisines. Dis leur qu'on leur ramène dans quelques minutes, le temps d'attirer du beau monde.
Galen :Une casserole et une louche ? Tu veux leur servir la soupe dans la rue ?
Shéogorath :Non. Cicéron s'en servira comme d'une cloche pour attirer du monde, évidement !

Quelques minutes plus tard, on put apercevoir un vieux, hurlant à qui veut l'attendre qu'un grand artiste allait se produire ce soir à la Taverne du Bordeleaux. Un de ses compères ne disait mot, cependant il faisait tinter sa casserole avec une grosse louche. On pourrait aussi apercevoir un Elfe blanc se rendre dans les casernes pour convaincre des soldats d'aller y manger un bout.

[Test de représentation pour Shéogorath : 21. Réussite]

Curieusement, ou pas, la Taverne fit salle comble ce soir là. On dû même emprunter des tabourets aux voisins, et récupérer des souches à l'extérieur, et le Monastère de la Colline Blanche fut sollicité en pleine nuit pour livrer quatre baril de bière au propriétaire contre paiement en espèce sonnantes et trébuchantes, et ce, immédiatement. Presque tout les villageois qui étaient revenus après le siège furent de la soirée, et la moitié de la garde, dont un tiers des sentinelles sensées être en poste, vînt également profiter de l'évènement et partager un godet avec les autochtones. On but, on chanta en accompagnant les paroles de Shéogorath, et on rit aux éclats ce soir là. Le Tavernier, un sourire immense lui barrant le visage tant l’événement était inattendu, courait en tout sens pour distribuer de la bière et de la soupe. Le repas était frugal, la bière vînt rapidement à manquer, et le garde-manger fut littéralement dévalisé, mais le public s'en fichait. Pour les soldats, après onze années passées en campagne, la célébration sonnait comme la fin de la guerre, le début d'une période de paix bien méritée, et enfin, un peu de tranquillité. Même si les apréhensions quand aux conflits parmi la noblesse étaient toujours bien présente, les hommes vinrent un instant oublié la lassitude des batailles incessantes et des pillages. Pour les locaux, la réouverture de la Taverne du Bordeleaux signifiait le retour à une vie normale dans le village, et la venue d'un nouveau seigneur, bien qu'elle marquait un net changement dans leur vie, fut largement oubliée par les clients ce soir là. Le siège était terminé, l'armée royale partie, et le village retrouvait la paix et la tranquillité. Demain, lorsque les hommes iraient réparer les dégâts du siège, le moral serait sans doute au beau fixe. Ainsi, les soldats et les paysans fraternisèrent, burent tout leur saoul, et profitèrent abondamment de la soirée.

Pour Shéogorath en revanche, la représentation ne fut pas aisée. Son public n'était pas saoul, même s'il était détendu, et surtout, il était très nombreux. Le barde eut donc un défi de taille à réussir ! Contenter tout ce beau monde par un spectacle agréable n'était pas chose aisée. Mais il raconta ses histoires avec convictions, joignant les gestes aux paroles, et sut susciter le rire, les larmes, et l'émotion dans son public qui buvait ses paroles, riait avec lui et but plusieurs fois à sa santé de grands godets de bière, sans doute largement coupé d'eau. Sans instrument, il était difficile de chanter, mais Shéogorath réussit également à se faire accompagner de cœurs populaires en entonnant les quelques chansons du folklore qu'il avait put apprendre au gré de son voyage au nord. Il en apprit d'autres également, que les locaux lui enseignèrent alors qu'il les accompagnait de vocalises élégantes ...

Voilà plusieurs heures que la fête battait son plein. Galen observait la foute rire aux plaisanteries de son patron, chantonner en cœurs des chansons populaires. C'était un succès éclatant. Un tel succès que l'elfe blanc dût même aider les tenanciers à transporter les fûts, mais aussi les chaises et tabourets que les voisins avaient eu la gentillesse de prêter.

Le mercenaire était sur-le-cul, comme qui dirait. Le vieux s'était mit en tête d'organiser une fête et de se donner en spectacle, et le pire, c'est que c'était un succès éclatant. Galen redoutait cependant que ce soit un trop gros succès. Effectivement, de nombreux gardes ne semblaient pas à leur place, et cet écart de conduite pourrait attirer l'attention des responsables.

Néanmoins, Galen soupçonnait son maître de ne pas avoir donné ce spectacle pour la gratuité, mais plus pour les relations et la reconnaissance que cela allait lui donner. La guerre épuisait les hommes, mais aussi les cœurs. Seulement, Shéogorath n'en avait pas de cœur, c'était une certitude pour son compagnon. Tout ce qu'il faisait, c'était à dessein. Mais aussi pour la gratuité, soyons honnête !

Shéogorath, lui, continuait à faire le pitre sur un estrade bricolé avec des tables. A son visage, on pouvait le voir fier et orgueilleux. Tant de gens s'étaient précipité à sa suite lorsqu'il commença à chanter. Après trois heures de chants et de festivités, Shéogorath annonça qu'il prenait quelques minutes pour reprendre son souffle. Il passa voir les gens attablés ou debout, discutant avec eux et récoltant des rumeurs et informations. Il prit aussi le temps de saluer les gardes et soldats qui s'étaient présentés dans l'auberge. Néanmoins, il leur laissa entendre qu'il était peut être plus sage de retourner à leur poste, le gros de la fête était terminé et leurs supérieurs risquaient de s’apercevoir de leur absence.

Pendant cet interlude, Shéogorath chargea Cicéron de se glisser dans l'ombre et de sortir dehors faire le guet, mais aussi suivre des soldats pour écouter les ragots et discutions. Ivre et joyeux, ils auraient probablement la langue bien pendu. Quant à lui, il remonta sur l'estrade et repris les festivités ... Galen, lui, resta vers l'entrée afin de servir de videur. Shéogorath parcourrait la foule de ses yeux, cherchant à voir si il reconnaissait des visages.

Shéogorath : Mesdames et Messieurs ! Que la fête continue !

[Test de renseignement : 30. Réussite.]

La fête battait son plan. Et si l'alcool manquait déjà, les hommes comme les femmes savouraient néanmoins ce moment de paix et de tranquillité dont ils avaient bien besoin. Certains dansaient, d'autres chantaient, d'autres s'étaient mis à jouer aux dés ou aux cartes. On riait. Et certains artisans du village s'étaient même joints au tavernier pour que ce qui n'était au départ qu'une soirée habituelle à la taverne soit le signe d'un renouveau de la vie du village. Dans l'atmosphère désormais enfumée, et chaude de la taverne, les odeurs de lard, de pain chaud et de bouillon vous chatouillait les narines. L'atmosphère chaleureuse du feu qui ronflait en craquant dans la cheminée, donnait à tout le monde une impression de tranquillité, et surtout, de sécurité.

Shéogorath avait déjà put gagner quelques pièces grâce à sa performance, quoique le village ne soit guère riche, et que le siège ai laissé la population exsangue. Désormais, il partait à la pèche aux infos. Il apprit ainsi plusieurs choses intéressantes sur la situation locale. Et notamment que les villageois ne semblaient pas particulièrement porter leur nouveau seigneur dans leur coeur. Méfiance, voire opposition farouche, risquait d'être les deux principaux problèmes de Runas de Lachlay dans cette région. Sans compter le fait qu'apparemment, la Baronnie d'Aumont n'était toujours pas vraiment sous son contrôle. Restait en effet la Forteresse de Blanchedague, à quelques kilomètres au nord, qui surplombait la vallée. Cette place n'avait certes rien de semblable avec Aumont, mais elle protégeait les mines d'argent qui faisaient toute la richesse du duc. Il y avait donc fort à parier que leur prise soit le premier objectif du nouveau duc. Par ailleurs, Aunudun, petit village sur la route des mines, était également une motte féodale, comprenant une tour de garde et une palissade, ainsi qu'une petite garnison, sous les ordres du seigneur Advar d'Aunudun. La menace pouvait être rapidement jugulé avec une petite armée estimait toutefois les gardes et les paysans. Mais contrairement à Shéogorath, ils ignoraient que les armureries du Duc étaient vides ... Dans ces conditions, il semblait donc indispensable que les vassaux des Aumonts ne fassent pas un front commun. Hors, apparemment, il y avait de l'eau dans le gaz entre le seigneur d'Aunudun et celui de Blanchedague ...

Shéogorath fit donc sa quête tout en se promenant entre les tables, et en discutant et échangeant avec les clients. Il s'en sortit d'ailleurs plutôt bien puisqu'à la fin de cette dernière, il comptait pas loin de vingt-quatre danegelds supplémentaires dans sa bourse. Ce qui était probablement plus d'argent que n'en verrait jamais le péquenot moyen de cet établissement en un mois. Mais c'est à cet instant que la porte s'ouvrit à la volée sur Charles de Lanvois, le bailli du Duc, qui entra dans la pièce avec un pas impérial. Les soldats qui se trouvaient dans la taverne se figèrent sur place, pâlirent à vue d’œil, et certains lâchèrent même leurs gobelets en un remue-ménage grandiloquent. un moment de malaise persista quelques instants alors que tout les regards étaient rivés sur lui. Mais de Lanvois ne sembla pas s'en formaliser. Il marcha jusqu'au comptoir alors que deux autres chevaliers, pas en armure bien sûr, mais les épées longues à leur côté indiquaient clairement leur stature, se plaçait dans l'encadrement de la porte, pour assister l'entrée du boiteux de tout à l'heure, soutenu par Siméon de Boltelune. Ce dernier était richement vêtu : un pourpoing noir et or, aux couleurs des lachlays, de belles braies assorties, et une ceinture à la boucle d'argent constituait sa tenue. Il avait certes le bras en écharpe, plusieurs cicatrices, et une béquille avec laquelle il avançait difficilement, traînant une jambe raide derrière lui. Mais lorsqu'il retira son couvre chef à plume jaune, il sembla soudainement rayonné dans la pièce. Et quand il prit la parole, ce fut pour s'exprimer d'une voix forte et claire :

Runas de Lachlay : Tavernier ! Tu tiens une fête en ton établissement, et tu n'as même pas la décence de prévenir ton seigneur ? Tu corrompt jusqu'à mes gardes qui abandonnent leur service pour venir boire et s'amuser, et tu n'as même pas la décence d'avoir suffisamment de vin, de bière et d'hydromel pour tout le monde ! Tu fais honte aux bonnes gens de ces contrées, dont l'hospitalité est légendaire ! Et je devrais te châtier pour cela.

Le silence s'alourdit encore alors que le Duc clopinait jusqu'à une table. Les deux chevaliers disparurent un instant, et le Duc reprit :

Runas de Lachlay : Cependant, je dois dire que ton initiative m'enchante, et que cela fait fort longtemps que nous ne nous sommes pas amusés comme cela dans ma troupe. Et puis, cela me donnera l'occasion de connaître mes ouailles. Allons Tavernier ! J'apporte la boisson, sers-nous donc une tournée, et trinquons ! Cette tournée est pour moi.

Et comme pour illustrer ses mots, les deux chevaliers, et Siméon, qui les avaient rejoint, surgirent alors par la porte, poussant chacun un grand tonneau qu'ils faisaient rouler par terre. Leur entrée fut acclamée par des vivats venant de la garde, et les paysans se joignirent bientôt à l'affaire. S'il était difficile de se convaincre que c'était là les manières d'un Duc, et que Runas de Lachlay était plus probablement en train de se comporter comme il le faisait dans ses propres terres, il fallait reconnaître l'habileté de la manœuvre.

Runas de Lachlay : C'est toi le Ménestrel ? Reprit alors le Duc à l'attention de Shéogorath ... Et bien ! Chante Rossignol, Godefroy va t'apporter un luth. Enchantes donc nos oreilles avec quelques belles histoires de ton Sud.

Récapitulatif des actions du tour :
Gain de 24 Danegelds (Représentation)

Traduction :

Shéogorath décida d'interpréter la balade du "Bal des Ardents", une chanson en latin qu'il avait appris durant son passage dans le centre du duché. C'était une musique entraînante et joyeuse qui convenait bien à la situation actuelle du château. Le temps de la bataille avait prit fin, c'était désormais le moment où l'on sèche les plaies. Ce n'était certes mais une des nombreuses musiques du sud, mais la nuit serait probablement longue. Le vieillard accompagnait ses chants avec le luth que le Duc lui avait fournis, se disant qu'il serait "dommage" qu'il oublie de lui rendre. Il n'y avait pas de petits profits.  Shéogorath ne comptait pas chanter ainsi toute la nuit, mais suffisamment longtemps pour que la méfiance du Duc et de ses chevaliers s’érodent au fil des pintes et des gobelets. Puis, il enchaîna sur des chants venant du Sud, probablement plus entraînants et joyeux.

Cicéron était de nature discrète, certainement muet de naissance. Silencieux, il se trouvait à une distance respectable du Duc et de ses acolytes, probablement suffisamment prêt pour les entendre. Cicéron était conscient que son maître avait une obsession pour les informations et ragots, qu'il pouvait ensuite exploiter ou revendre. C'était ainsi qu'il avait acquis une assez importante partie de sa "fortune". Ses galipettes et cancans ne servaient qu'à provoquer des situations favorables aux ragots. Cicéron était légèrement encapuchonné, comme beaucoup dans l'auberge, feignant de boire sa boisson. L'archer ne voulait pas altérer ses réflexes et ses sens.

Quand à Galen, il avait rapidement compris que c'est au service qu'il apprendrait le plus de choses, circulant aux milieux des clients. C'est d'ailleurs lui qui servit le Duc et ses complices, dont un homme vêtu 'un pourpoint noir et or, et Lanvois, que Shéogorath s'amusait à qualifier de bibliothécaire. Le second mercenaire de Shéogorath resta dans le périmètre du Duc, servant les invités au fur et à mesure qu'ils vidaient leur choppes, s’assurant qu'elles ne soient jamais vides. Le Tavernier, complètement débordé, n'allait probablement pas refuser cette aide peu onéreuse ...

Shéogorath adorait se montrer en spectacle, faire le guignol et raconter des histoires, pour la plupart fantaisistes et inventés. Mais que savait le Duc du Sud ? Probablement pas grand chose. Mais cependant, le Magicien s'interrogeait sur le comportement surprenant et inhabituel, de se membre de la très haute noblesse. En temps normal, que ce soit dans le sud ou partout ailleurs, n'importe quel noble, aurait réagi brutalement, en voyant la garde au bar, plutôt qu'à leur poste. Partout, il y aurait eu des exemples, des hommes passés au fouet, peut être même des exécutions. Là, il n'en était point question, le Duc se retrouvait dans une taverne miteuse, à picoler avec les gueux. Et ce petit homme qui se trouvait en permanence dans son ombre. C'était une manœuvre fine de politicien, pas de nobliaux prétentieux et hautain. Shéogorath soupçonnait que ça puisse être l'idée de cet homme mystérieux. Au cours de la représentation, Shéogorath croisa à plusieurs reprises son regard, alors que l'homme semblait le surveiller discrètement autour d'une conversation. Cet homme l'intriguait et l'intéressait, beaucoup plus que tous les autres dans cette pièce.

Finalement, Shéogorath décida de s'accorder quelques minutes de pause, pour se désaltérer et reprendre son souffle, pendant que plusieurs gueux s'élançaient dans des chorales, parfois même paillardes. Le Duc et les autres semblaient trop occupés pour véritablement s'en apercevoir, hormis le petit bonhomme qui semblait très alerte. Shéogorath lui adressa un clin d’œil en s'éloignant dans un coin de la Taverne, où il serait au calme. Le nécromancien espérait qu'il comprendrait qu'il souhaitait faire sa connaissance, en tout bien, tout honneur, naturellement.

[Test de renseignement : 7. Échec.]
[Test de représentation : 28. Réussite.]

La soirée avançait, et de plus en plus de gens commençaient doucement à quitter la taverne. D'abord parce qu'il n'y avait plus de bière, ni de vin, et que l'on servait les dernières cruches d'hydromel, et ensuite parce que l'on approchait doucement de la minuit, et qu'un certain nombre des hommes de la garde qui étaient en mission ce soir-là, commençaient à se rappeler que, même si le Duc était là, le couvre-feu était dépassé depuis belle lurette, et que pour éviter les troubles, il était tout de même préférable de penser à fermer l'établissement. Discrètement donc, ils faisaient évacuer les clients, et se dirigeaient les uns après les autres vers la sortie. Shéogorath, pour sa part ne vit ses avances récompensées qu'alors que le Duc se décidait finalement à quitter les lieux. Ainsi, c'est Siméon de Boltelune qui vînt jeter une bourse contenant la modique somme de 15 Danegelds sur la table devant le barde. Il ne dit pas grand chose, sinon quelques remerciements et un compliment quand aux talents de ménestrels du voyageur, puis s'éloigna pour rejoindre ses compagnons qui se mettaient maintenant en route ...

Cicéron et Galen, pour leur part, revinrent hélas bredouille de leur quête d'informations ... A priori, le duc et ses compagnons n'avaient échangé que des banalités pendant toute la soirée, prenant au mieux des nouvelles de quelques parents éloignés ou proches, sans que Cicéron ou Galen ne puisse positionner ces derniers quelque part dans l'entourage qu'ils connaissaient du Duc. De la même manière, s'ils discutèrent de politique, c'est uniquement pour critiquer ouvertement le Roi Antoine, qui leur "laissait un duché intenable, des caisses vides, et une poignée d'hommes pour tenir une horde de rapaces".

Récapitulatif des actions du tour :
Gain de 15 Danegelds (Représentation)

Shéogorath accusait une légère déception, mêlé à une certaine fierté. Sa prestation semblait avoir été apprécier, mais chose plus importante à ses yeux, les gardes savaient qui il était. Si il ne pouvait plus vraiment espérer passer pour inaperçu, il bénéficiait d'une relative popularité dans Aumont, popularité qui lui serait peut être utile à l'avenir. Les gardes seront peut être plus tolérant à son encontre.

Mais Shéogorath était surtout déçu, déçu que l'homme mystérieux n'ait pas jugé bon de venir à sa rencontre, mais Shéogorath ne s'en formalisa pas. Le bonhomme, et il en était certain, jouait un rôle, lui aussi. De plus, Cicéron et Galen n'avaient ramené que des généralités, des discutions sans réel intérêt. C'était un revers, pour le collectionneur de renseignements qu'il était. Heureusement, Shéogorath avait encore une corde à son Luth : "La Mère Bordeleaux". Ah ! Et oui, il avait gagné 39 danegelds et un luth dans l'opération, une chance et une économie notable pour le magicien.

Néanmoins, l'heure tournée et le départ prévu tôt le matin, serait probablement retardé à la mi-matinée. Shéogorath réclama donc trois chambres au Tavernier. Le magicien ne chercha pas en obtenir la gratuité, il avait quelque chose déjà en tête, qu'il mettrait en place le lendemain. Shéogorath paya les chambrés à l'avance, soit 9 danegelds pour une nuit. Si les chambres n'étaient pas particulièrement coquettes ou confortables, elles avaient l'avantage d'avoir un lit, ce qui n'était pas récurent lorsqu'on voyage beaucoup. Dormir dans un lit est un privilège des riches. La nuit se passa plutôt bien, Shéogorath et ses compères se donnèrent rendez-vous dans la salle commune dans la matinée.

C'est vers 7 heures du matin que le groupe se retrouva autour d'un feu et d'un repas basique.se serait fade, pas formidable, mais ça aurait le mérite de nourrir son homme. Shéogorath fit rapidement l'inventaire de ce qu'ils pouvaient emmener avec eux soit :

Inventaire:

Shéogorath décida de vendre ses surplus, soit 100 unités de Céréales d'une valeur de 100 danegelds, ainsi que 25 unités de fruits, d'une valeur de 100 danegelds, à l'Aubergiste, afin d'en tirer le meilleur prix. Si il était capable de se vendre, il ne doutait pas qu'il pourrait vendre n'importe quoi à n'importe qui.

Shéogorath :Dites-moi aubergiste, j'ai fait l’acquisition de céréales d''excellente qualité, seriez-vous intéressé ? Je sais que la soirée d'hier à épuisé vos stock, peut être pourrions-nous faire affaire ?

Shéogorath se dit aussi qu'il devait faire l'acquisition d'un âne avant de partir. Il négociera au meilleur prix. Mais avant ça, il enchaîna à l'aubergiste :

Shéogorath :J'aurai aussi un marché à vous proposer. Tout comme Madame la Tenancière, je suis friand des rumeurs, histoires et renseignements. Ce sont des éléments indispensables pour écrire mes chansons. Je vous propose 10 danegelds maintenant, puis 10 danegelds à mon retour dans quelques jours, peut être semaines. Qu'en dites-vous ? Peut être avez-vous des choses à me raconter déjà ?

C'était aussi l'assurance qu'il reviendrait, et que peut être, il remplirait de nouveau la Taverne ? Quoi qu'il en soit, il devait obtenir un âne avant son départ.

L'Aubergiste haussa un sourcil à la suggestion de Shéogorath. Décidément, toute cette histoire était inespérée. Le village sortait d'une période particulièrement difficile : une guerre, un siège, et donc des réserves plus vides que jamais. Et avec l'hiver qui s'annonçait, arriver jusqu'à la prochaine saison des récoltes allait demander toute sortes de décisions audacieuses et ... inventives ... Cependant, l'or aussi ne coulait pas particulièrement à flot non plus. Il allait falloir être fin. Si les cent livres de grain, et les vingt cinq livres de fruits que proposait le barde permettrait de tenir jusqu'à Noël au moins pour lui et sa femme, cette affaire risquait aussi de lui coûter tout l'or gagné la veille s'il n'y prenait pas garde. Mais l'offre était alléchante ...

Simon l'Aubergiste : Hum ... Je peux vous donner cent vingt Danegelds pour les provisions ...

Le ton était prudent, presque hésitant. Et le tavernier était déjà en train de compter ses pièces d'argent. Il manipulait également quelque petite monnaie : Shéogorath aperçut quelques sous de cuivre. Manifestement, il était quelque peu sur la paille ...

[Test de détection opposé à Discrétion : Réussite (17 contre 14).]

Mais Shéogorath put néanmoins apercevoir un reflet dorée à la lumière du soleil au fond de la bourse que le bonhomme rougeaud avait posé sur le comptoir ...