La courtoisie d'une épée à louer

[Tu as un plan détaillé de la forteresse ici.]

Naar se trouvait juste devant la grande porte de la basse cour, laquelle était gardée, à cette heure tardive, par un seul homme, portant un gambison matelassé, un chapel de fer, un grand écu et une lance. Il somnolait à moitié lorsque Naar vînt le tirer de ses songes. Autour d'eux, la place semblait avoir connu de bien meilleurs jours : la barbacane, dans laquelle ils se trouvaient, était presque intégralement détruite, ses tours éventrées réduites à l'état de murets, tandis que l'enceinte extérieure du château était, pour sa part, tout à fait en ruine. Les murs avaient perdu entre trois et cinq mètres de leur hauteur normale, les tours étaient à moitié effondrées et la charpente était visible sur bon nombre d'entre elle. L'une d'entre elle était même tombée, d'un seul tenant, dans la rivière en contrebas. A l'intérieur, la basse cour présentait bon nombre de maisons en ruines, incendiées pendant le siège, et les habitants avaient monter quelques tentes ou ils dormaient, pelotonnés les uns contre les autres. Le garde leva les yeux vers le nouvel arrivant avec une mine endormie.

Garde : Z'êtes le deuxième aujourd'hui. D'mandez Sire Hugue, c'est l'connétable, il vous dira quoi ...

L'homme s'apprêtait à retourner à sa demi-sieste quand une voix forte tonna derrière lui.

Hugues de Forgeton : Ce ne sera pas nécessaire gamin.

Derrière lui, à une vingtaine de mètres, un étonnant cortège, comprenant une charrette chargée de trois tonneaux, et une demi-douzaine de nobles richement vêtus, marchait vers la porte. Celui qui venait de hurler marchait en tête, accompagné par un autre homme, beaucoup plus jeune. Derrière eux venait un type qui se tenait monté sur son cheval assisté par un solide harnachement en bois et en cuir. Il était bandé de toute part et semblait se tenir difficilement en selle, mais tout les autres semblaient aussi le traiter avec respect et déférence. Un petit homme à la moustache soigneusement coupée l'accompagnait, et derrière eux, deux autres chevaliers aux vêtements colorés et soignés fermaient la marche, accompagnant la charrette que trois servantes, plus chichement vêtues accompagnaient.

Hugues de Forgeton : Que voila belle compagnie étranger ! Fit Forgeton, en observant la troupe qui se tenait derrière Naar. Quel bon vent amène une troupe aussi nombreuse en notre forteresse ?

Alors que le Connétable arrivait à hauteur du garde, qui était maintenant parfaitement réveillé, il lui lança un regard noir ainsi qu'une piquante remarque.

Hugues de Forgeton : C'est Tom toi hein ! Et ou est ton compagnon ? Vous étiez deux assignés aux portes ce soir.
Garde : A ... A ... A la taverne messire.
Hugues de Forgeton : A la Taverne. Ben tiens. Quand je vous donne votre après midi, c'est pour que vous puissiez dormir et en profiter, histoire que vous soyez frais et dispos lorsque viendra le moment de prendre votre quart ! Vous allez m'entendre demain matin vous deux !
Cavalier estropié : Hugues ... Laisses donc ce pauvre Tom tranquille. Ce soir nous pouvons bien nous montrer plus indulgent. Les hommes se sont bien battus hier, et nous ne risquons pas d'être attaqués tout de suite ... A part par une bande de pauvres hères en quête d'un foyer à la rigueur ... Nous allons vous renvoyer votre camarade. Et ensuite, descendez donc prendre une chopine à la Taverne avec nous. Ce soir, nous fêtons la victoire. Hugues, je vous laisse avec l'étranger. Ne tardez pas trop, je doute qu'il reste quelque chose à boire après le passage de Charles.
Hugues de Forgeton : Ce sac à vin ! Charles, si tu viens me dire que tu as la gueule de bois, je crois que je te noie dans le puits jusqu'à ce que ton mal de crâne ai tout à fait disparu ...

Et ce faisant, le cortège dépassa la grande porte et entama sa descente le long de la route vers le petit village en contrebas. En y regardant bien, Naar pouvait effectivement distinguer l'animation trépidante qui entourait l'une des baraques juste en face des haras ...

Foutredieu, donc ce type là n'était pas un garde de Lachlay alors. Vu qu'il demandait au nain d'attendre son tour, c'est qu'il devait sans doute s'agir d'un collègue mercenaire, vu son accoutrement, l'homme ne devait pas être le capitaine de la compagnie. Le nain décida donc de rabrouer le bonhomme.

-J'vais aller faire la queue derrière ton capitaine, alors.

Puis il s'élança d'un bon pas pour remonter la colonne. Colonne qui s'avérait assez longue. Finalement, il se rendit compte qu'on pouvait distinguer deux groupes, le groupe de l'autre crétin et un groupe de cavalier. Il déboucha devant le bon levis ou trois hommes, deux cavaliers et un autre type était entrain de deviser. L'un d'entre eux, lui disait vaguement quelque chose. Le nain pas sûr de le reconnaître s'approcha du groupe.

[Pas d'interaction avec Arshad pour le moment du coup. Tu peux continuer à agir à ta guise, les cavaliers n'ont pas fait attention à toi.]

La remarque de Naar laissa un léger froid. Les cavaliers se regardèrent un instant, puis explosèrent de rire, ce qui eut pour effet de déclencher une violente quinte de toux de la part de l'estropié. Son compagnon à la jolie moustache essuya une larme, et reprit à l'attention du mercenaire :

Siméon de Boltelune : Mon pauvre ami, pour que nous laissions un illustre inconnu s'occuper de la santé de sa Grâce, il faudrait que nous soyons tombés durement sur la tête.

Il reprit son souffle, un instant puis reprit :

Siméon de Boltelune : Siméon de Boltelune, Barbier de sa Grâce. Je puis vous assurer qu'elle est entre d'excellentes mains.
Huges de Forgeton : C'est cela Siméon ! Tu es un génie du bistouri. En attendant, il me semble que notre bon ami ici présent avait quelques compétences qui pourraient nous être utile. Vous veniez chercher un contrat c'est ça ? Et bien voyez-vous, il se trouve que j'en ai deux sur les bras. Et que ce cher Charles pourrait aussi vous en trouver quelques uns relativement facilement. On manque d'hommes ici, ça ne vous aura pas échapper je crois.

Il descendit de cheval, et tandis que le convoi se mettait en marche, il prit Naar par l'épaule et, pointant le champ sombre qui s'étendait devant eux :

Huges de Forgeton : Vos hommes peuvent camper entre ici et le monastère de la colline blanche. Ce sont les lumières que vous voyez juste là, droit devant. L'emplacement vient tout juste de se libérer. Ce matin même. Accompagnez-nous donc à la Taverne du Bordeleaux pendant qu'ils installent leur bivouac. Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire.

Il était déjà tard. Approximativement autour de la neuvième heure du soir lorsque la petite compagnie se mit donc en route en direction de la taverne du Bordeleaux, dans le village des Haras. Ils longèrent la falaise qui tombait en un à-pic rocheux directement vers la rivière, suivant le chemin qui conduisait aux carrières un peu plus loin. Ces dernières ne tarderaient d'ailleurs pas à trouver une clientèle d'importance en la personne du Duc : il avait un château à reconstruire. La route, de terre battue, était marquée par les rainures des nombreux chariots, et les empreintes des bottes qui l'avaient emprunté toute la journée durant, et le fin manteau blanc qui commençait à recouvrir la campagne environnante ne l'avait donc pas couverte du tout. Le sol était humide, boueux sur les bords du chemin, et l'herbe disparaissait lentement sous les neiges d'automne. Ceux qui vivaient ici savaient qu'en règle générale, elles ne reverraient plus la lumière du soleil avant le mois de Mars ou d'Avril, car quand la neige étendait son emprise sur les montagnes du nord, elle ne s'en retirait qu'au printemps venu. Un petit bois, constitué de quelques arbres regroupés, couvrait la descente depuis la forteresse vers l'imposante arche de pierre, cintrée de deux petites tours-portes fortifiées du pont Edouard Ier. La, les broussailles, qui n'étaient point encore couvertes par la neige, laissaient tomber leurs dernières feuilles sous les frondaisons. Et entre les troncs, on distinguait plus bas les lumières du village, et les larges constructions rectangulaires des Haras du duc. L'un des endroits ou étaient par ailleurs élevés certains des meilleurs chevaux de guerre du Comté.

Chemin faisant, Hugues de Forgeton, qui tenait toujours son cheval par la bride, accompagnant le nain et le prêtre défroqué, reprit son laïus :

Hugues de Forgeton : J'ai deux affaires à vous confier effectivement. Et toutes deux requièrent discrétion, une troupe en arme d'hommes solides et compétents, délicatesse et savoir faire. Dans le premier cas, il s'agit d'accompagner une dizaine de sergents d'armes du Duc Lachlay, ainsi que cinq sergents montés jusque Lachlay. Ils escortent en effet une importante prisonnière, et cette dernière ne doit en aucun cas être capturée. Hors, il est probable que nos ennemis aient déployés des forces bien supérieures contre vous. Rapidité, discrétion, et efficacité seront donc de mise pour celui de vous deux qui acceptera ce contrat. Mais la paie est bonne, ainsi que la reconnaissance du Duc.

Le chemin poursuivait sa route, descendant en lacets vers le pont. Plus bas, on entendait les eaux de la rivières, encore vives, qui chantaient sous les piles de l'arche de pierre, et contre le rivage voisin. Et dans le lointain, la rumeur de conversations animées et de chants populaires à la Taverne. La troupe du Duc, escorté de ses quatre compagnon, avait prit de l'avance sur le trio. Ils traversaient à présent le pont, et les lumières de leurs torches scintillaient dans la nuit. Alors que les trois compères avançaient, Hugues poursuivit :

Hugues de Forgeton : La seconde est plus ... politique ... Et brutale. Elle requerra tout autant de rapidité et de discrétion. En effet, une troupe des vassaux du Duc, qui ont participé au siège d'Aumont il y a trois jours, s'est mise en route vers son domaine. Ils transportent un cadavre. Ni ce cadavre, ni cette compagnie, ne doivent parvenir jusqu'à ce domaine. Disons simplement que le Duc entend annoncer lui-même la mauvaise nouvelle à la famille du défunt ... Pour des raisons ... Politiques ... Celui qui acceptera ce contrat ne devrait pas s'éterniser ici, et prendre la route dès ce soir même. Il n'aura en effet pas beaucoup de temps pour intercepter ces voyageurs ...

A cet instant, les trois compères croisèrent justement le chemin du dizainier de Naar et de ses compagnons envoyés chercher des tentes pour le bivouac. Les quatre soldats portaient tout l'attirail ensemble et semblaient bien chargés. Ils échangèrent un salut avec leur capitaine puis reprirent leur ascension.

Récapitulatif des actions du tour :
Acquisition de cinq tentes pour Naar : 250 Danegelds

Aussi compétent et capable soit-il, Arshad était un nain. Et les nains, s'ils avaient sut préservé leur fierté, leur autonomie et leur dignité au travers d'une farouche résistance, et d'un repli quasi-total de leur société sur elle-même par ces contrées, ils l'avaient aussi fait au prix du respect et de la confiance que leur accordait les humains. Mis en concurrence avec ces derniers sur une base régulière, ils devaient donc faire face à la triste réalité : à chaque fois qu'un humain serait contre eux sur un contrat lucratif, il leur faudrait partir du principe que l'humain l'emporterait. Aussi capables et compétentes que pouvaient l'être les petites personnes. Et si en Aumont, cette situation ne se vérifiait pas forcément - le maître carrier des carrières ducales était un Nain de Tanardan par exemple, et la plupart des ouvriers de sa carrière était aussi de sa race - elle était néanmoins particulièrement fréquentes. Et les nouveaux maîtres des lieux, s'ils étaient aussi des enfants du pays, n'étaient pas des francs, et encore moins des celtes. C'était des Daniens, des colons venus du Sud, qui n'auraient aucun scrupule à s'appuyer sur les sentiments d'injustice que pouvait éprouver la population humaine du Duché pour remettre les races inférieures à leur place. Hugues de Forgeton ne faisait pas exception à cette règle.

Et en conséquence, Arshad ne devait rien attendre de lui.

Le Connétable baissa ses yeux vers le nain, comme s'il venait juste de le remarquer. Et renifla bruyamment. Pas question de confier une fille d'aussi haute naissance que Jeanne de Saint-Aloys a un nain puant, cimmérien de surcroît, païen, et plus laid qu'un porc après un bain de boue prolongé. Il tira un étui à parchemin de son surcot et le tendit au nain sans lui accorder de réponse verbale ...

[PvE] La loyauté de Souane

Client : Runas de Lachlay, Duc d'Aumont (Maison de Lachlay, Partisans des Lachlay)
Lieu du contrat : Aumont
Réputation minimale : 0
Récompense : 3 000 Danegeld à la complétion
Gain de Renommée : +5 Points
Gain de Réputation :

• Maison de Lachlay : +25 Points
  
• Partisans des Lachlay : +25 Points
  
• Maison de Souane : -15 Points
  

Pénalités en cas d’échec :

• -10 points de Réputation envers la Maison de Lachlay
  

Difficulté du contrat : Facile à défi simple
Nombre de batailles estimées : 1 à 3
Durée : Probablement un mois IRL (sans rencontres aléatoires)
Description : Le Baron Albert III de Souane est mort pendant le siège d'Aumont, tué par Alfric de Touare. Avec sa mort, la baronnie échoie maintenant à son fils, Albert IV. Mais il n'est âgé que de sept ans. Et c'est donc un conseil de régence qui doit gérer ses terres en attendant sa majorité. Hors, ce conseil est sous l'influence de trois familles : les Garlesson d'Hersbourg, fidèles à Liana, la maison de Darmont, à laquelle Albert III avait juré fidélité et allégeance, et la maison de Holzbarr, les Comtes du Holzberg, vassaux et amis de la maison de Lachlay. Runas entends donc que ce conseil soit sous l'influence des Holzbarr, et que les deux autres maisons soient, sinon chassées, tout du moins éclipsées des affaires de la baronnie. Hors, il se trouve qu'il a un plan tout a fait spécial pour ce faire.
Objectifs : Prendre contact avec le Connétable du Duc, à Aumont, avant le 10 octobre pour recevoir plus de détails sur la mission.

Il patienta quelques minutes, échangeant avec l'humain pour mieux jauger un potentiel partenaire d'affaire plus solides pour une mission autrement plus importante. Ils échangèrent quelques mots et alors qu'ils franchissaient le pont, le chevalier se laissa distancer, saluant l'humain qui se rendait jusqu'à la taverne, puis retournant en direction du nain. Ils étaient seuls maintenant, au milieu du pont Edouard Ier. Les torches des sentinelles placées de part et d'autre éclairaient la nuit noire d'une lueur blafarde tandis que d'épais flocons commençaient à tomber depuis les épais nuages qui masquait la lune. Cette fois-ci, il daigna lui adresser la parole.

Hugues de Forgeton :  Chilpéric de Rittershafen, le maréchal des barons de Souane est parti avec son ost il y a quelques heures à peine. Il transporte le cadavre du Baron Albert, escorté par une vingtaine de sergents, et au moins au temps de recrues dont l'expérience de la guerre et des combats laisse à désirer. Hormis le connétable lui-même, il n'y a pas de chevaliers dans cette troupe. Par conséquent, si vous faites vite, vous les aurez rattrapé dans la journée de demain. Faites en sorte que l'on croit à des bandits, des orcs, des khergits, ou même des kobolds ... Je m'en contrefiche. Ils ne doivent pas atteindre Souane. Pas de prisonniers, pas de survivants ... Sauf si vous n'entendez pas poursuivre notre collaboration plus avant. Si un seul mot de cette histoire devait entacher la réputation du Duc, vous seriez traité comme des bandits ayant agit de votre propre chef. Est-ce bien clair ?

Et en parcourant le feuillet qui contenait le contrat, inscrit sur une feuille de papier que l'on avait gratté, et dont on devinait encore les lettres et les sigles d'un vieux registre de comptes,  Arshad constata qu'effectivement, il ne contenait pas de sceau.