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Liana d'Aumont
Liana d'Aumont
Messages : 9
Date d'inscription : 16/06/2019

Loin par delà les montagnes de Brume Empty Loin par delà les montagnes de Brume

Mar 21 Jan - 0:38

Far over the Misty moutains ...


Ambiance ?

[justify]9 Octobre 1225. Jet sur la table de rencontre : Rien ne se passe.
Les températures sont en dessous de zéro. Test de moral à effectué avec un malus de -10. Résultat : 48. Réussite.


Il faisait froid. Un froid mordant, dure, craquant. La neige avait commencé à tomber il y a deux jours maintenant sur le massif de la Haute Granrive. Et à présent une couche de trente centimètre de poudreuse recouvrait les clairières d'un manteau blanc et immaculé, comme pour saluer le départ de son père, les dieux, le Dieu, la Nature, Correlon Laethian, ou peut importe quel grand manitou décidait aux visées et aux destins de tout le monde là-haut. Un linceul blanc recouvrait le monde. Bien sûr Liana aurait put lever la tête pour observer l'immensité qui s'étendait autour d'elle. Les montagnes abruptes et escarpées, couvertes d'un blanc manteau neigeux, les forêts de conifères aux branchages chargés d'une épaisse couche nacrée, mais la peine, la fatigue, le froid, les regrets, et très probablement la honte aussi, lui faisait aligner un pas devant l'autre machinalement, les yeux rivés par terre pour que ses pieds ne se prennent pas dans une congère. Elle avait jeté un châle sur ses épaules, qu'elle serait contre sa poitrine de sa main droite, tandis que de la gauche, elle tirait comme elle pouvait la petite Eléa, qui avait, depuis bien longtemps écoulé toutes les larmes de son corps. Désormais, ses yeux étaient sec. Elle avançait aussi machinalement que sa Dame. Dans son dos, Liana sentait l'acier rassurant, mais glacial, de Seyanor qui tambourinait contre ses omoplates. Devant elle, claudiquant encore dans la neige, et s'aidant de tant à autres d'une canne en bois, Godfric ouvrait la marche, en silence. L'oeil alerte, il fouillait les bois environnants en quête de quelque danger qui pourrait menacer leur petit groupe.

Les routes étaient loin. Ils avançaient lentement. Le moindre ruisseau devenait parfois un obstacle insurmontable, la moindre crevasse forçait à faire de long détours, quand aux sous-bois, ils étaient encore dense malgré l'altitude, et comme ils n'avaient aucun manteaux de fourrures, et aucune couvertures d'hiver, Godfric refusait de monter plus haut, vers les alpages. Car là, la température descendrait encore plus bas, le vent soufflerait dru, et leurs pires ennemis ne seraient plus les gardes des Lachlay ou des Lunegirs, mais le froid, le vent, la neige, et la nature elle-même. Et il leur faudrait moins d'une heure pour qu'une hypothermie n'en fasse plus rien d'autres que des cadavres congelés. Pour une fois, Liana remerciait Godfric de ses choix. C'était la seconde aujourd'hui. Plus tôt ce matin, le spadassin avait en effet occis trois gardes de la maison de Lachlay, envoyés par leur seigneur pour garder le col que les trois compères avaient décidés de franchir. Il faudrait encore plusieurs jours pour que la nouvelle atteigne Aumont. Mais cela n'empèchait pas à Liana et Godfric de presser le pas.

En revanche, si cette mésaventure avait amélioré leurs relations, Liana n'arrivait toujours pas à pardonner à Godfric sa dureté, son incompréhension devant la faiblesse toute enfantine d'Eléa, et le fait qu'il n'oppose qu'une oreille sourde et glacial au chagrin qui envahissait sa protégée. Le soldat continuait de marcher, malgré sa blessure. Il dictait le rythme, muré dans un mutisme que Liana avait bien du mal à interprété. L'épée toujours hors de son fourreau, aux aguets, il les faisait parfois s'arrêter une heure, et si Eléa croyait qu'il s'agissait d'une pause pour se reposer, Liana avait bien compris que lui ne disparaissait pas pour aller se soulager. La main agrippée à son arc, elle scrutait les environs par dessus quelque rocher, guettant son retour, alors que le guerrier courait la forêt pour trouver quelque passage suffisamment sûr à ses yeux.

Leur objectif était Brisbach. Ce qui faisait encore une sacré trotte. Et plus Liana constatait la faiblesse d'Eléa, plus elle envisageait sérieusement de demander à Godfric de trouver une auberge, au moins pour une nuit. Sinon, c'est avec un cadavre frigorifié qu'ils allaient arriver devant messire Karlmann, l'intendant de la Forteresse. Et ça, Liana était persuadée que celà constituerait un prétexte suffisant pour qu'il renverse ses allégeances du jour au lendemain.

Ce n'est qu'au soir venu qu'elle comprit que Godfric avait changé ses plans sans lui en faire part. En effet, ce soir là, ils arrivèrent en vue d'un bourg d'une cinquantaine de maisons environ, agglomérées autour d'une auberge de relais. Godfric revînt vers les deux jeunes filles.

Godfric d'Aunudun : C'est Gaucelin. Le bourg appartient techniquement à un seigneur vassal des Lunegirs. Mais si l'on arrive à cette heure, et que l'on repart demain matin à l'aube, soit notre passage passera complètement inaperçu, soit ils se rendront compte de votre identité bien après que nous soyons partis. Passez moi simplement l'Arc et l'Epée.
Liana : Mais ... Je ...

Godfric ne chercha pas à discuter. Il tendit la main et fit un signe des doigts pour demander à ce que la lame lui soit remise.

Godfric d'Aunudun : Vous savez très bien que j'ai raison ma Dame. Une fillette équipée d'une épée bâtarde, dans une auberge de campagne, ça ne passe pas inaperçue. Passez la moi, et enlevez moi cette maille. Fourrez là dans mon baluchon. Officiellement, je suis un mercenaire en rupture de ban, et vous êtes une paysanne que j'ai récupéré après que votre ferme ai été passée à la torche par les troupes royales. Eléa est votre petite sœur. Nous partons au Sud, vers le Landgravat de Morenbourg.

Liana soupira et s’exécuta. Elle retira la cotte de maille, confia l'épée bâtarde à Godfric, qui l'accrocha en parallèle à la sienne, dans son dos. Vêtue de ses frusques de paysannes, et tirant Eléa qui la suivit sans résister, elle se mit en route vers le village.

Il était tard le soir. Il n'y avait pas un chat dans les rues. Par l’entrebâillement des portes et par les fenêtres, on distinguait les lumières des feux de cheminées autour desquels se pressaient les habitants, recherchant la chaleur réconfortante. Un chien aboya un peu plus loin dans le village, tandis que tout trois progressaient furtivement entre les maisons, se dirigeant vers l'imposante baraque qui faisait office de Taverne et d'auberge relais. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la bâtisse, ils trouvèrent salle comble : les moissons étaient terminées, et les paysans faisaient la fête tous ensemble. A moins qu'ils ne célèbrent juste la fin de onze années de guerre ? Un orchestre de village entonnait un air entraînant, et trois couples dansaient sur un ensemble de tables rassemblées au milieu de la pièce. Les fumées des divers foyers et des brasiers ou cuisaient la viande s'accumulaient au plafond et plongeait la pièce dans une atmosphère moite et chaleureuse. Un brouhaha assourdissant de rires, de chansons, de bavardages joyeux et de discussions bruyantes entre clients éméchés assaillit leurs oreilles, contrastant fortement avec le silence qui avait peuplé leurs voyages jusqu'alors. Une odeur de bouillon, de viande grillée et d'alcool vînt leur chatouiller les narines, et Liana sentit l'eau lui monter à la bouche. Godfric se fraya un chemin entre les clients, traînant Liana derrière lui. Ils atteignirent bientôt le comptoir, et se ménagèrent une place prêt du feu. Lorsque la serveuse passa à proximité, Godfric commanda du bouillon, un pichet de pierre, et un peu de lard et de fromage, et glissa deux danegelds entre les mains de la femme.

Nouvelle ambiance

Godfric : ... Et une chambre pour la nuit s'il vous plait.
Serveuse : 'Vais voir ac'eul patron si elle est lib' mon prince.

Godfric hocha la tête et commença alors à scruter la foule, juste histoire de s'assurer que personne ici n'irait les dénoncer à qui que ce soit. Il sursauta lorsqu'une voix lui glissa à l'oreille :

Voix : Salut ! Mon Prince !

Il sursauta et se retourna, non sans jeter un regard noir à Liana qui n'avait pas jugé bon de l'avertir. Mais la fille semblait tétanisée sur sa chaise, observant le nouveau venu avec appréhension. Il faut dire qu'il était intimidant. Bien bâti, l'homme avait une silhouette athlétique et fine, aux muscles que l'on devinait puissants et rompus au combat. La moitié droite de son crâne était complètement rasée, et couverte d'un gros tatouage figurant divers symboles palhéniens. Il parlait avec un fort accent grec et s'installa à leur table sans demander la permission.

Homme : Dis voir mon gars, la deuxième épée, c'est pour couper les choux ? fit-il avec un signe de tête en direction de la seconde arme dans le dos de Godfric.
Godfric : L'argent pour les monstres. L'acier pour les hommes. On t'as jamais appris ça ?
Homme : Ahahah ! s'esclaffa l'autre. Si je croyais à ces comtes de bonne femme, ça fait bien longtemps que je serai un cadavre dans le fossé. L'argent casse, et les monstres sentent autant l'acier passer que les hommes mon gars. Et l'eau bénite a plus d'effet que ton coupe chou sur un Alp ou une guenaude ... C'est pour dire le niveau de la connerie que tu viens de balancer.
Godfric : Et t'es qui au juste pour venir me donner des leçons ? Demanda Godfric qui venait de retrouver une contenance.

L'homme se recula sur sa chaise, révélant la maille sur son torse, et le tabard figurant la rose noire des mercenaires de la compagnie blanche.

Lyrio : Lyrio Cularo de Rascia. Je viens de Civitas Custodiam, dans le massif Androvin. Mais "de Civitas Custodiam" ça fait très long, alors je préfère dire " de Rascia". Eh eh eh ... Et vous vous êtes ... Nonon ! Ne dites rien, je vais deviner, fit-il en coupant la parole à Godfric qui s'apprêtait à déblatérer une nouvelle histoire. Alors voyons : deux épées, une cotte de maille, un baluchon foutrement lourd que je ne serai pas étonné que ...

Il flanqua un coup de pied dans le sac aux pieds de Liana, on entendit la maille s'entrechoquer.

Lyrio : Ah oui. Une seconde armure. Et toi, fit-il en direction de Liana, tignasse rousse, yeux verts. Dis-voir princesse, tu sais que la moitié du Duché est à ta recherche ?

A ces mots, Godfric fit un geste brusque, tirant une lame de son fourreau à sa ceinture. Le spadassin réagit en esquissant un sourire et arrêta le geste de Godfric en agitant son doigt devant son visage.

Lyrio : Ouhlala, monsieur a le sang chaud on dirait. Range donc ce couteau si tu tiens à tes bourses.

Liana baissa ses yeux en direction de l'entrejambe de Godfric. Lyrio avait déjà glissé une dague juste au dessus de l'endroit ou se trouvait ses organes masculins.

Lyrio : Bien maintenant tout le monde se calme. Je ne suis pas venu pour vous livrer.

Godfric éloigna sa main de sa ceinture, et Liana se raidit sur sa chaise. Ils étaient à sa merci. Mais le dénommé Lyrio rangea bientôt sa dague dans son propre fourreau. Et alors que la serveuse revenait pour servir les trois compères, il lui lança :

Lyrio : Si vous vouliez avoir l'obligeance de me ramener également un bol de bouillon et un pichet de bière ma chère. Mettez ça sur leur note, ajouta-t-il en pointant les deux jeunes filles et le soldat à la tablée. Vous m'invitez bien sûr ... ajouta-t-il sur un ton faussement interrogatif.

Godfric grommela quelque chose dans sa barbe et lança, pour éviter que l'autre ne prenne trop ses aises.

Godfric : Ok. Tu nous as percé à jour. Et si je ne suis toujours pas convaincu que tu sois aussi sympathique que tu essaies de nous le faire croire, tu occupes une place à notre table. Donc si tu nous disais ce que tu veux ?
Lyrio : Ce que je veux ... Hum ... Dans l'immédiat, une tranche de lard, un bon fromage, ma bière, et celle-là dans mon pieu ce soir, fit-il en donnant un coup de menton vers la serveuse. Après, ça fait un petit moment que je roule ma bosse m'voyez. Je viens de Palhènes, et j'ai rejoins la compagnie blanche il y a bien trois ans de ça pour livrer vos guerres de Daniens. Et il se trouve que dans cette compagnie, je me suis fait pas mal de bon copains. Y'avait Dorven, le Paladin loufoque, et un peu obsédé, il faut bien le dire, Ahmed, le Silénide aussi taciturne et bavard qu'une porte de prison, Migli et Todash, les deux compères des steppes aussi bougons et casse pied qu'un moustique un soir d'été en Dénirélie, Cleora, l'elfette venue pour venger son papa chéri, et mon copain de beuverie, ce bon Cerunnos. On l'appelait Cornevin le bougre, parce qu'il buvait son vin dans une corne de chèvre pleine à ras-bord, et qu'il en reprenait sitôt qu'elle était vide. Obsédé qu'il était par sa lutte contre '"le mal", il en devenait casse pied. Mais il savait vous réveiller une taverne ! Y'avait Rorik aussi, un petit nain qui maniait la hache comme personne. Et Seecha, combien de foi ne l'as-t-on pas tiré des griffes de l'inquisition avant qu'elle ne finisse sur un bûcher. Mais elle pouvait vous rôtir une escouade entière de guignols avec ses tours de passe-passe. Et voilà-t-y pas qu'on se retrouve tous ensemble fourrés dans votre guerre. Et que sur les côtes de l'Ibren, je vois la moitié de mes copains se faire dessoudés par les larrons du Roi.

J'ai fini à Aumont comme vous. A tenir les remparts comme je pouvais. avec quelques autres braves types. Et dès que ça a commencé à sentir un peu trop le roussi, je me suis carapaté voyez. J'aimerai encore garder ma tête sur les épaules pendant quelques temps. Mais si vous craigniez que je vous livre et vous envoie chez Lachlay, Darmont ou le Roi, détrompez-vous. Ces trois lascars ont buté la seule famille qui me restait. Alors ce soir, je bois avec vous. Comme de vieux vétérans qui se retrouvent après la bataille. Et si les gars du Roi veulent faire un saut dans cette taverne, je serai bien heureux de leur envoyer ma chaise dans la tronche.


Il fit une pause. Il était devenu rougeaud pendant son monologue, des émotions contraires l'avaient assailli et toutes d'un bloc il les avait fourré au fond de lui-même pour que surtout on ne le remarque pas. Mais Liana l'avait bien vu. Et il n'avait échappé à personne qu'il venait juste de descendre d'un trait la bière de Godfric ... Aussi, la jeune fille réfléchit un moment, puis, sortit brusquement une bourse de sous sa cape, qu'elle posa sur la table.

Liana : Et si je vous propose de tous les venger pour cent cinquante florins d'or ?

Le mercenaire rota bruyamment quand le sac tomba sur la table avec un tintement sonore. Il écarquilla les yeux, observa la gamine, et répondit après quelques secondes de silence :

Lyrio : Alors toi fillette, tu parles un langage que je comprends !

[Récapitulatif des actions du tour :
Achat de repas à la Taverne pour 4 personnes : 8 Danegelds
[b]Lyrio rejoint officiellement la compagnie (payé à la création de personnage).
Liana d'Aumont
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Loin par delà les montagnes de Brume Empty Re: Loin par delà les montagnes de Brume

Mar 18 Fév - 23:51

Voyage en montagne


Ambiance ?

[10 Octobre 1225. Jet sur la table de rencontre : Événement de compagnie.
Les températures sont en dessous de zéro. Test de moral à effectué avec un malus de -10. Résultat : 35. Réussite.]


Le lendemain matin, les quatre compères se réveillèrent aux aurores dans la grande salle de la taverne, désormais désertée. Ils avaient payé le soir même pour une place auprès du feu, aussi ne prirent-ils guère congé de leurs hôtes. Il était inutile d’attirer davantage l’attention. Ils s’enfoncèrent-ils dans la lueur vacillante de l’aube sans demander leur reste. Un manteau blanc recouvrait la campagne environnante, et les températures se faisaient de plus en plus fraîches de jours en jours. Si Lyrio avait largement allégé la compagnie en transportant une partie de leurs vivres et de leur matériel, ils étaient toujours bien trop chargés pour ce voyage. Ils se résolurent donc à abandonner une partie de leur cargaison dans un ravin sitôt qu’ils se furent assez éloignés du village. Bazardant le supplément par dessus bord, ils redevinrent ainsi un poil plus légers et purent donc reprendre leur chemin à un rythme de marche un peu plus soutenu.

Par delà ces montagnes glacées, les températures risquaient cependant d’atteindre un véritable froid polaire une fois la nuit tombée. Et comme ils ne portaient aucune protections réelles contre le froid, les risques évidents que représentaient leur progression parmi les pics enneigés du massif des griffes de nacre ne tardèrent pas à leur revenir en mémoire. Notamment parce que le nouveau venu de leur petite troupe ne manqua pas de le leur faire remarquer.

Au bout de quatre heures de marche parmi ces paysages entièrement en noir et blanc, ils trouvèrent une petite clairière, qui bordait la sente à gibier, qu’ils suivaient depuis leur départ. L’endroit était relativement paisible : une étendue d’herbe aux formes irrégulières cernées par une abondante forêt de feuillus et de conifères dont les dernières feuilles n’étaient pas encore tombées. L’ensemble était couvert par la neige, et à mesure qu’ils grimpaient, l’épaisseur du manteau neigeux augmentait au même rythme que les températures, qui, elles, chutaient. Dans cette clairière, la couche de poudreuse leur arrivait au niveau des mollets. Et la neige qui continuait à tomber doucement n’allait pas arranger les choses. Ils avisèrent bientôt une grosse bûche, à l’abri de deux grands sapins, au dessus desquels le tapis d’aiguilles jaunes et brunes, tombées de l’arbre, était encore visible, et choisirent d’y installer leur camp. L’humidité ambiante faisait planer dans l’air une agréable odeur de sapin. Il était donc autour du huit heure du matin, et le soleil venait donc tout juste de se lever. Une lueur blafarde et timide illuminait la forêt environnante. Ils jettèrent leurs sacs derrière la bûche et se répartirent les tâches. Alors que Godfric était occupé à chercher quelques branchages pour allumer un feu, et que Lyrio faisait rouler quelques grosses pierres afin de préparer l’âtre, il lança à l’attention de la jeune “duchesse” :

Lyrio Cularo : Hep, au fait, on va où au juste à se promener comme des voleurs ?

Liana leva les yeux dans sa direction. Elle était assise sur une souche, prise dans quelque rêverie. Depuis la bataille de la Granrive, elle commençait à digérer les évènements, et à se faire d’avantage à sa nouvelle réalité. Son père était mort. Elle était une gamine en fuite, dans les bois, et si elle entendait ne serait-ce que s’en tirer, il lui fallait impérativement rejoindre rapidement une place amicale, car la moitié des armées du Duché étaient à sa poursuite. Et l’autre moitié ambitionnait d’en faire un outil politique pour affirmer quelque légitimité. Ses alliés se comptaient sur les doigts d’une seule main, et si Godfric semblait la couver, prendre les initiatives, et chercher avant tout à remplir la mission qu’il s’était auto-imposé (la conduire à Brisbach), le plus rapidement possible, Lyrio, lui faisait tout l’inverse. Il lui demandait son avis tout les cinquante mètres, cheminait certes à l’avant de leur troupe quand Godfric fermait la marche (pour avoir le spadassin à l’oeil disait-il), mais se retournait à chaque intersection, à chaque carrefour, à chaque gros caillou et au milieu de chaque corniche pour demander à la jeune fille ce qu’elle comptait faire, ou elle comptait aller, s’il fallait prendre à gauche ou à droite … Parfois il lui tendait une main secourable, parfois il s’enquerrait juste de son état et s'assurait qu’elle tenait le rythme, qu’il ne se gênait pas pour ralentir dès l’instant ou il pressentait qu’elle, ou qu’Eléa montraient le moindre signe de faiblesse.

Liana lui était naturellement reconnaissante pour cela. Après le pas aussi soutenu qu’impassible de Godfric, l’allure plus lente et mesurée de Lyrio était une véritable aubaine, et elle en profitait autant que possible. Mais son garde du corps, lui, soupirait bruyamment à chaque fois qu’on s’arrêtait, jetait des regards inquiets dans tous les coins, et guettait les vallées d’Aumont et de Sainte-Lucie à chaque fois qu’un point de vue le lui permettait, traquant les signes d’éventuels groupes armés qui convergeraient vers leur position. Parfois, il demandait à Lyrio de partir en éclaireur, s’assurer de la praticabilité d’un passage ou de surveiller un point ou de potentiels ennemis pourraient venir les ennuyer. Le spadassin se tournait alors systématiquement vers la jeune fille pour lui demander son avis, et immanquablement, celle-ci hochait silencieusement la tête, n’osant pas vraiment se confronter à Godfric Et alors, sitôt qu’il partait, le groupe sombrait de nouveau dans le silence et le mutisme. Liana en vint rapidement à apprécier la compagnie du Palhénien, et à regretter ses absences, qui l'obligeait à observer le manège stressé de l’Aumontois. Aussi, un peu avant le petit déjeuner, alors que Godfric envoyait Lyrio en éclaireur pour la troisième fois, elle voulut s’y opposer. A sa grande surprise, les protestations n’émanèrent pas de Godfric, mais de Lyrio lui-même … Et elle finit par céder, se laissa tomber sur une souche, et observa à nouveau Godfric opérer une ronde autour de leur point de halte.

Aussi, lorsque Lyrio revint, et que les deux hommes décidèrent qu’il faisait maintenant suffisamment jour pour faire une pause, ils décidèrent de monter un bivouac rapide et de manger un morceau. Et Liana fut prise au dépourvue par la question du Palhénien.

Liana : Sais pas, maugréa-t-elle. Lui il sait, ajouta-t-elle en donnant un coup de menton en direction de Godfric.

Lyrio haussa un sourcil. Et recommença à trimballer ses pierres. Au bout de cinq minutes, il lâcha le dernier de ses gros cailloux au bord du petit cercle qu’il avait ainsi constitué et se redressa. Il s’étira bruyamment avant de demander d’une manière aussi abrupte qu’impolie :

Lyrio : Du coup, c’est lui le futur duc ?

Liana se redressa en sursautant, et lança au spadassin un regard aussi courroucé qu’indigné. Eléa esquissa un sourire aussi discret que fugitif, mais la duchesse ne manqua pas de le noter. C’était la première fois qu’elle faisait autre chose que de regarder dans le vide et d’avancer machinalement.

Liana : Je ne vous permet pas. Je …
Lyrio : Je demandais ça en tout bien tout honneur, ma dame, coupa le spadassin. J’essaie juste de comprendre qui donne les ordres au juste. C’est lui ? C’est vous ? C’est les deux ? Vous avez des discussions télépathiques imperceptibles ? Non parce que là, j’ai l’impression que c’est vous qui payez, mais que lui prend toutes les décisions. Si ça vous convient et qu’il faut continuer comme ça, ben d’accord. Ca me pose pas de problème. Je me tais. Et on continue comme ça. Mais faut me le dire, que ce soit clair pour moi. Et puis faudrait me dire ou je dois vous conduire aussi. Mais ça du coup, je le demanderai à Godfric.

Liana ouvrit et ferma la bouche à trois reprises, cherchant ce qu’elle pouvait bien répondre. Le silence pesant dura une bonne dizaine de secondes, Lyrio ne semblant aucunement décidé à fournir à la jeune fille une échappatoire … Elle finit par baisser les yeux et par souffler :

Liana : Je suppose que c’est lui. De toute façon j’y connais rien à la montagne moi.
Lyrio : Ah ! Du coup le Roi Antoine est probablement un expert en commerce. C’est probablement pour ça qu’il installe des péages toutes les quinze lieues le long de l’Ibren. Et quand on vous aura amené Dieu sait ou, entre les mains de Dieu sait quel châtelain, vous le laisserez prendre les décisions à votre place aussi. Parce qu’après tout, il a bien plus d’expérience que vous en matière de politique. Très bien.

La jeune fille lui lança un regard glacial. Elle s’apprêtait à monter sur ses grands chevaux, lorsque la voix graveleuse de Godfric retentit au dessus de sa tête.

Godfric : Fiches-lui la paix le Romain. Elle a perdu son père y’a trois jours. Elle court la campagne depuis tout ce temps là, et elle a probablement pas la moindre idée de ce qui l’attend. Alors jusqu’à ce qu’on soit en sécurité derrière les murs de Brisbach, fiches-lui la paix. Elle verra déjà tout ça elle-même quand elle l’aura sous les yeux. Et quand elle aura eut le temps de faire son deuil, de recommander l’âme de son père à Dieu, et de profiter de la trêve hivernale pour souffler un peu.

Lyrio dégaina un silex et une marcassite, et se mit en quête de traquer un peu d’amadou, histoire d’allumer le feu. Il lança par dessus son épaule :

Lyrio : C’est elle qui paie. C’est elle qui donne les ordres. Qu’on me demande d’égorger un paysan, de brûler un village, de punir un noble impertinent, ou juste de trouver notre chemin dans cette foutue forêt, pas de problème. Je fais. Mais les ordres sortent de sa bouche à elle. Pas de la tienne. A moins qu’elle ne m’ai expressément demandé de t’obéir. C’est tout ce que je voulais qu’elle réalise.

Ayant trouvé un champignon qui lui convenait, Lyrio flanqua un bon coup de silex dans la cosse et se pencha pour la récupérer par terre.

Lyrio : Ah si, et je voulais aussi qu’elle comprenne qu’elle a trois avenirs possibles devant elle là : se coucher dans le fossé et attendre que le froid l’emporte, aller à Brisbach ou n’importe ou dans son Duché, et se laisser marcher sur les pieds par ses vassaux, qui la marieront en fonction de leurs intérêts et en feront une jolie poupée, ou porter ses couilles comme un homme … Enfin, une femme … et commencer à leur distribuer des baffes dès qu’elle arrive à l’abri.

Se penchant au dessus d’une pierre, il commença à effriter l’amadou.

Lyrio : Et puis, donner des baffes à des vassaux récalcitrant correspond plus à mon profil que de servir de nounou à une poupée de chiffon.

Liana garda le silence. Elle les regardaient sans vraiment comprendre. Tout cela semblait très lointain. Complètement déconnecté de leur problème actuel : rester en vie. Et pourtant, les deux compères semblaient en discuter comme si tout cela était de prime importance. Godfric jeta ses quelques branches au milieu des pierres et commença à les agencer en une petite pyramide. Il fourra quelques feuilles séchées au milieu, constituant un joli petit tas.

Godfric : En quoi est-ce que tout ça à quelque chose à voir avec nos problèmes actuels ? Demanda le soldat tout à son ouvrage.
Lyrio : Tu veux aller à Brisbach, c’est ça ?
Godfric : Oui.
Lyrio : Qui tient la place ?
Godfric : Messire Karlmann, l’intendant du Duc.
Lyrio : Et tu mettrais ta main à couper quand à la loyauté de ce messire Karlmann ?
Eléa : C’est mon père ! Lança alors brutalement la fillette qui suivait la conversation de loin, et, qui, si elle peinait à comprendre ce dont parlaient vraiment les deux hommes, venait de s’apercevoir que c’est de sa famille dont on parlait.

A ces mots, Lyrio leva toutefois les yeux dans sa direction, et la fixa intensément pendant plusieurs secondes. Godfric agita alors sa main devant ses yeux et reprit :

Godfric : Hep le Romain ! Je sais à quoi tu penses. Et non, on ne fera pas ça.
Lyrio : Lui se gênerait dans votre position ?
Godfric : Je ne suis pas un vulgaire voleur de grand chemin.

Liana, qui suivait maintenant l’échange avec une attention redoublée, d’autant plus qu’on abordait soudainement la question d’une personne qui lui était proche, jugea alors qu’il était opportun d’intervenir :

Liana : Qu’est ce que vous avez dans la tête au juste ?
Lyrio : Utiliser la demoiselle ici présente pour exercer quelques pressions et assurer la loyauté de son père.
Liana : Comment ? Mais ! C’est … C’est scandaleux !
Lyrio : Non. C’est commun.

Eléa prit soudainement peur, et fit mine de se lever pour partir. Lyrio fut bien plus rapide, et la saisit brusquement par la main. Aussitôt, la tension monta d’un cran. Eléa faisait presque partie de la famille. Elle avait passer bien plus de temps à Aumont, auprès de la jeune princesse, qu’à Brisbach, auprès des siens et de sa propre maison. Godfric porta donc presque immédiatement sa main à la francisque accrochée à sa ceinture. Il avait sa protection à charge autant que celle de Liana.

Lyrio : Doucement fillette. Ne vas pas te perdre dans le sous-bois.
Godfric : Lâches là.

Lyrio tourna sa tête dans sa direction sans lâcher Eléa pour autant. Liana jugea alors utile d’appuyer la requête de Godfric. Tout en posant sa main sur l’épaule de son amie, elle l’attira à elle et fixa Lyrio avec toute l’autorité dont elle était capable.

Liana : Lâchez-là, dit-elle d’une voix dure, tranchante comme l’acier et froide comme la glace, une voix qu’elle se savait étrangère et tout à fait inhabituelle.

A cet instant, un vent glacé balaya la scène : Lyrio tenant la main d’Eléa, Eléa blottie contre Liana, Liana droite comme un pic, serrant Eléa contre elle et fixant Lyrio sans ciller d’un regard neutre, mais déterminé, et Godfric la main sur sa francisque, prêt à bondir. Le temps s’arrêta, l’instant sembla durer une éternité. Et finalement, le spadassin s'exécuta, et retourna à son ouvrage. Un sourire fugitif glissa sur son visage.

Lyrio : Voilà. Ca c’est la duchesse Liana d’Aumont qui ne sera pas une poupée de chiffon.

La tension ne baissa pas pour autant. Liana tenait toujours Eléa serrée contre elle, et fixait toujours Lyrio aussi froidement. Eléa se mit à sangloter doucement contre sa poitrine. Un silence pesant s’installa. Silence qui ne fut rompu que par le bruit de grattements et de frottements derrière Liana. Elle n’y prêta pas attention tout de suite. Ce n’est que lorsque Godfric se redressa brutalement pour regarder par dessus l’épaule de la jeune fille que la situation se détendit. Le soldat poussa alors un cri et fit un pas brutal, accompagné d’un grand geste en direction de la rouquine. Cette dernière sursauta puis se retourna, uniquement pour voir trois écureuils détaler dans les fourrées.

Godfric : Putain de sâles bêtes de merde ! Tonna Godfric qui faisait le tour de la bûche faisant office de banc pour s’approcher des victuailles.

L’un des sacs était éventré, et tout son contenu de fruits secs se répandait à présent sur le sol. Un certain nombre d’entre eux étaient déjà à moitié rognés. Quand au sac, il était devenu complètement inutilisable. Le soldat ragea et pesta contre lui-même, s’efforçant de récupérer ce qu’il pouvait, et de trier les marchandises gâtées des provisions utilisables. De son côté, Lyrio avait réussi à allumer son feu. L’affaire, si elle se solda par la perte d’un nombre non négligeable de vivres, et l’obligation d’en abandonner pas mal d’autres sur place, eut au moins le mérite de calmer tout le monde et de détendre l’ambiance. Liana hoqueta même un rire sous cape, autant pour évacuer le stress et la tension, que parce que le fier Godfric, grand guerrier et combattant émérite, était littéralement en train d’insulter un arbre, lequel, au demeurant, ne lui avait rien fait, et que la scène était particulièrement drôle …

Le petit déjeuner fut donc légèrement plus détendu. On discuta essentiellement de la meilleure manière de protéger les vivres contre des incidents de ce genre plus tard. Puis, lorsque tout le monde eu récupérer, on empaqueta les affaires, on éparpilla les pierres et les cendres et on se remit en marche. Cette fois-ci cependant, plutôt que de fermer la marche, Godfric colla au train du Romain, s’aidant toujours d’une canne improvisée lors de certains passages plus difficiles. Vers quatorze heures, après huit heures de marche parmi les sous-bois, et dans la vague direction du col de la vallée de Sainte Lucie, on décida finalement de faire une pause. La nuit serait très froide au vue des températures actuelles, et il convenait donc de chercher une caverne, une ruine, ou un endroit plus abrité en mesure de piéger la chaleur d’un feu de camp. Alors que Godfric se mettait donc en quête de cette cache, Lyrio resta aux côtés de Liana et d’Eléa. La jeune duchesse ne le quitta pas des yeux …

[Recherche d’une grotte ou s'abriter. Bonus de chaleur de +1.
Test de survie : 14. Echec. +1 heure de recherche.]


Il fallut bien deux heures à Godfric pour repérer une caverne qui conviendrait. Pendant ce temps là, les autres passèrent vingt bonnes minutes à se regarder en chien de faïence. Finalement, Lyrio décida de rompre le silence :

Lyrio : Le tranchoir dans votre dos, c’est juste pour la frime ou vous savez vous en servir ? Fit-il en croquant dans une pomme de la manière abrupte avec laquelle il semblait avoir l’habitude de démarrer toutes ses conversations.

Liana garda le silence. Elle continuait à le fixer intensément, et commençait sérieusement à se demander si elle avait bien fait de recruter ce troisième larron dans leur petite troupe. Le bonhomme semblait en effet légèrement instable, dangereux à souhait, et probablement un peu trop versé dans les arts du meurtre et de la filouterie pour qu’elle lui accorde la moindre confiance. Lyrio, visiblement, compris rapidement qu’il avait dépasser les bornes.

Lyrio : Ok. Très bien, reprit le spadassin d’un ton passablement las. J’ai compris. Je n’aurai pas dû suggérer ce que j’ai suggéré. Et même si dans mon esprit il n’était pas question de faire du mal à une fillette, je conçois que vous ayez pu mal le prendre. L’important, c’était juste que vous compreniez que vous me payez, c’est vous qui donnez les ordres. Pas Godfric. Et encore, pas n’importe quels ordres.
Liana : Comme garder une poupée de chiffon ? Ca vous le ferriez pas ?
Lyrio : Non. Comme tuer gratuitement, salir mon nom sans raison, et mettre inutilement ma vie, celles de mes compagnons, ou la vôtre en danger. Si votre objectif dans la vie est de devenir le jouet des manipulations de messires Karlmann ou Garlesson, je serai votre garde du corps au milieu de ces manipulations … tant que ma solde tombe dans ma poche à la fin de la semaine. Ce n’est pas là que je brillerai par mes compétences cela dit. Mais c’est pour ça que vous payez non ?
Liana : Non.
Lyrio : Ah ? Et vous payez pour quoi alors ?
Liana : Pour que vous me conduisiez en sécurité. Pour la suite je ne sais pas encore.
Lyrio : Je vois. Alors dans le cadre de ce contrat, permettez moi de vous dire que je ne crois pas que Brisbach soit un endroit “sûr”.

A cet instant, Eléa intervînt alors :

Eléa : C’est la forteresse la plus puissante du Duché ! Quel endroit peut être plus sûr ?
Lyrio : Fillette … Tu places bien trop de foi dans les constructions des hommes … Et dans leur honneur. Cela dit, on parle de ton père là, donc je suppose que tu as le droit …
Eléa : Mon père a toujours honoré ses devoirs envers le Duc !
Lyrio : Je n’en doute pas. Et aujourd’hui encore, il a tout intérêt à ce que ma Dame ici présente remporte le conflit en cours. Mais selon ses termes. Et ce ne sont pas forcément les mêmes que ceux de Liana. Mais ce n’est pas forcément lui qui m’inquiète le plus.
Liana : Vous vous inquiétez pour moi maintenant ?
Lyrio : Vous me payez pour ça. Bref. Tout ça pour vous dire que je n’ai pas vraiment confiance en votre “intendant”. Et surtout qu’à Brisbach, vous faites une cible facile, y compris pour les maisons de Lunegir, Darmont et Lachlay. Sans parler de la route jusqu’à la forteresse : si nous devons éviter tout le monde, il faudra éviter les routes. Autrement dit, nous en aurons pour deux bonnes semaines de voyage à minima. Sans vêtements chauds. Avec peu de vivres. Et avec toutes les chances du monde de tomber sur une bande de kobolds, de gobelins, et je ne sais quelle autre saloperie qui rôde dans ces montagnes. Bref, le plan me semble hasardeux.

Liana s’arrêta un instant pour réfléchir. Le spadassin l’obligeait effectivement a posé un plan un peu plus précis que de simplement courir dans les montagnes pour échapper à leurs poursuivants. Elle commençait à prendre le coup pour se méfier de tout le monde et entrapercevoir les menaces qui planaient sur sa vie et son avenir. Elle garda le silence. Lyrio reprit :

Lyrio : Quoiqu’il en soit, si vous avez l’intention de partir sur les routes, il va falloir utiliser ce coupe-choux autrement que s’il s’agissait d’un vulgaire poid mort. Aller. Mettez-vous sur vos deux jambes et montrez-moi comment vous faites vos moulinés.

Liana se renfrogna. Et ramenant ses genoux contre sa poitrine, elle serra plus fermement le col de sa tunique.

Liana : Trop froid. Fatiguée. Pas envie.
Lyrio : Ah ça ! C’est sûr que si un chevalier de Lachlay se pointe au détour de cette clairière, il attendra tranquillement que vous ayez “envie” de le suivre. Il ne vous brusquera surtout pas, et ne vous forcera à rien. Il attendra que vous ayez prit le thé, fait une sieste, et que vous vous soyez réchauffée auprès d’un bon feu. Aller. Debout.

Liana fit la moue, mais consentit à se lever. Il avait raison. Ce n’était pas l’heure de faire la fine bouche. Elle décrocha l’épée de son dos, et la tira de son fourreau. La lame étincela d’une lueur glacée, et sur sa garde, les fin entrelacs d’or figurant la devise de la maison de Touare “Viam Sternere” brillèrent plus intensément à la lumière du soleil blafard d’automne qui illuminait la scène. L’imposante épée de guerre d’Alfric était certes une épée à une main et demi pour lui. Mais pas pour elle. L’équilibre de l’arme, et son poid, l’obligeait à la tenir à deux mains pour que sa prise soit plus ferme. Elle la brandit devant elle, en une garde strictement défensive. Et malgré tout Lyrio se contenta de taper mollement sa lame et déjà, celle-ci vacilla.

Lyrio : Plus ferme.

Liana affermit sa prise. Il tapa une fois de plus. Un peu plus fort cette fois-ci. La lame chancela à nouveau.

Lyrio : Plus. Ne me dites pas que la fille du Duc d’Aumont, qui était pourtant au Guevran avec son armée, tient son épée aussi bien qu’un vulgaire paysan !

Elle serra plus fort encore, et cette fois-ci, banda ses muscles pour que la lame tienne droite. Se remémorant les leçons d’Alfric, elle se força à mettre du coeur à l’ouvrage. Et cette fois, lorsque l’acier rencontra le mithril, Liana para comme on le lui avait enseigné. Son geste était certes machinal, “scolaire” dirait Alfric, et exécuté sans style, mais il faisait ce qu’il devait faire.

Lyrio : C’est mieux. Pas parfait, mais mieux. Vos adversaires n’y iront pas aussi gentiment que moi … Voyons la posture maintenant.

Lyrio prit ensuite toute l’heure qui suivit à montrer à sa nouvelle “maîtresse” une série de gardes et de placement qui lui épargnerait tout effort inutile en combat, tout en offrant le meilleur pouvoir d’arrêt possible à son arme. Il lui enseigna essentiellement des gardes défensives, centrées sur la parade et l’esquive, et quelques bottes de contre-attaque. Lyrio était un fin bretteur. Et si Liana n’était pas une élève horrible, elle n’était pas non plus une surdouée. Mais elle avait déjà de solides bases. Visiblement beaucoup plus solides que ce à quoi s’attendait le Palhénien, puisqu’elle parvînt même à le surprendre une fois ou deux pendant les premières minutes de leur entraînement. Cela dit, Lyrio comprit rapidement qu’il n’avait pas affaire à une débutante complète, et que Liana avait déjà quelques années de pratique dans les bras, et il ajusta donc rapidement le niveau de ses conseils. Preuve, s’il en est, qu’elle était encore bien loin de son niveau. Cependant, au bout d’une heure d’exercice, tout deux, en âge, s’arrêtèrent pour souffler un moment. C’est alors que la voix de Godfric s’éleva au dessus de leurs têtes.

Godfric : On s’amuse bien à ce que je vois. Pendant ce temps là, moi, je nous ai trouvé un endroit ou dormir.

Ils levèrent la tête dans sa direction. Mais l’éclaireur ne perdit pas son temps à les attendre. Il leur faisait déjà signe de le suivre. Ainsi, dans un sous bois illuminé par la lumière douce du soleil qui se reflétait sur le manteau neigeux, le groupe se mit en marche, en file indienne. Godfric ouvrait la marche, Liana suivait, accompagnée d’Eléa, et Lyrio fermait la route, en prenant grand soin d’effacer leurs traces à l’aide de branches de sapin, chose à laquelle Godfric n’avait aucunement pensé jusqu’alors. Ils évoluèrent ainsi lentement dans le sous-bois pendant une bonne heure, jusqu’à ce que Godfric ne leur fasse signe de se taire et de se faire discrets. Autour d’eux, la forêt était silencieuse. Mais Godfric, avisant un tronc d’arbre couché, qui barrait le chemin, leur fit signe de le rejoindre. Il s’accroupit derrière ce dernier, et, pointant un noisetier devant lui, il murmura :

Godfric : Je sais que l’épée n’a jamais été votre point fort. Mais si vous montriez à ce cher spadassin que sire Alfric n’a pas “rien” fait de votre entraînement ? En plus, ça nous fera un petit supplément pour le repas de ce soir …

Liana scruta le sapin à son tour. Effectivement, trois écureuils étaient en train de dévorer les fruits de l’arbre sur l’une des branches. Liana hocha la tête silencieusement, et sans un mot, encocha une première flèche sur la corde de son arc, et garda les deux autres dans sa main gauche, alors qu’elle bandait la corde de sa main droite. Avec un poc sonore la flèche fila vers sa cible lorsqu’elle lâcha la corde, et un premier animal tomba de son perchoir. Les deux autres filèrent aussitôt se cacher, mais trois secondes après la première, une seconde flèche vint abattre le deuxième animal. Le troisième sauta alors de l’arbre, uniquement pour se faire cueillir par un troisième projectile à l’atterrissage.

[Jet de touche : Malus de -1 (Taille et distance) 5, 1 (Relance : 4), 4. Trois cibles touchées.
Jet de blessure : Force 2, Endurance 1. Blesse à 2+. 6, 3, 5. Trois tués.]


Lyrio : Pas mal du tout ma Dame. Cela dit, un chevalier, c’est pas un écureuil, commenta Lyrio avec un grand sourire moqueur.

Liana lui lança un regard noir avant de se redresser pour aller chercher ses proies. Elle pratiquait le tir à l’arc depuis ses six ans. Bien sûr qu’elle savait tirer. C’était même son truc l’arc. Mais elle devait reconnaître que l’arc de guerre qu’elle avait récupérer sur le champ de bataille de la Granrive n’avait rien à voir avec les petits arcs de chasse qu’elle avait utilisé à l'entraînement. Elle ne voulait pas perdre la face, alors elle s’était donnée du mal. Mais la corde était bien plus difficile à tendre pour ses petits bras que celle de son arme préférée à Aumont. Elle retrouva les trois bestiaux, morts sur le coups, et les accrocha, par la queue, à sa ceinture.

Ils cheminèrent alors encore pendant une dizaine de minutes, et atteignirent bientôt un précipice, qui s’ouvrait sur la vallée encaissée dans laquelle serpentait la route de Touare. D’épaisses forêts de pins et de feuillus couvraient les versants montagneux et escarpés du massif des griffes de nacres qui l’environnait de toute part. La route se découpait entre elles, long serpent sinueux qui glissait le long des versants enneigés. On n’en distinguait plus le pavage de pierre. Uniquement le fantôme de son tracé, entre les arbres, tel une longue balafre sur le flanc de la montagne. En face d’eux s’élevait les crêtes de Spitzengraue, les trois pics rocheux qui interdisaient l’entrée de la baronnie de Sainte-Lucie. Et plus au sud, justement, la Trouée de l’Oldemont, l’un des affluent de la Granrive, qui prenait sa source dans les Spitzengraue. C’était en longeant le cour de cette rivière que l’on pouvait rejoindre Touare. Eux l’avaient traversé tôt ce matin par le pont de Gaucelin.

Liana : Par où exactement comptes-tu nous faire rejoindre Brisbach ? Demanda Liana à Godfric alors qu’elle parvenait enfin à se situer sur la carte imaginaire qu’elle gardait en tête …
Godfric : Je ne suis plus trop sûr de mon coup je dois avouer, maugréa Godfric. Après notre discussion de ce matin, je dois avouer que Lyrio m’a fait réfléchir. Je me demande si on ne devrait pas passer par Touare. Peut-être que la Baronne Grâce pourra nous fournir du ravitaillement, du matériel, voire même une escorte afin de rejoindre Brisbach ? Ou alors faut-il carrément abandonner ce projet … Mais pour aller ou …
Lyrio : Ferlynn, souffla Lyrio.

Les deux autres le regardèrent comme s’il était fou.

Godfric : Ferlynn ? Tu t’es cogné la tête ? Dans deux semaines, la passe sera fermée, et il sera complètement impossible de sortir de la vallée jusqu’en Mars ! Et il n’est même pas conseillé de le faire avant début Mai. Déjà maintenant, c’est dangereux de tenter le passage ! On serait fin Septembre, je ne dis pas. Mais le mois d’Octobre est déjà bien entamé ! Les premières neiges sont tombées, et si ça se trouve, les risques d’avalanches, le gel et le froid nous tuerons déjà avant d’arriver ! Sans même parler de l’endroit …
Lyrio : … un petit manoir, perdu dans une vallée isolée, inaccessible six mois par ans … Sans garnison, ou presque … C’est justement exactement ce qu’il nous faut.
Godfric : Pour nous y faire piéger dès la fin de l’hiver arrivée ? Bien sûr oui …
Lyrio : Non. Pour tenir la duchesse à l’abri des intrigues de cours de ses propres partisans, et rassembler des alliés en toute tranquillité, sans pouvoir être menacé par nos rivaux. Quand l’hiver sera terminé, vous aurez mit de l’ordre parmi vos vassaux et vos alliés, assumé les fonctions de votre père, eut le temps de le pleurer en toute sérénité, et rassemblé des informations sur la situation.
Liana : Ca implique de communiquer avec l’extérieur de la vallée ça. Autrement dit, d’avoir un messager assez fou pour franchir la passe autant de fois que nécessaire. Vous feriez ça vous ?
Lyrio : Vous me payez pour ça.
Godfric : T’es complètement taré, conclut le soldat.

Puis, prenant le temps de la réflexion, il renchérit cependant :

Godfric : Mais c’est vrai que cela nous offrirait du temps. Beaucoup de temps. Et nous ne savons toujours pas ce qu’il est advenu de Jeanne et d’Isabelle. De même que nous ne savons rien de la situation de nos ennemis, et de la position actuelle de l’Ost Royal. S’il est encore dans le duché, Brisbach ne sera qu’un refuge de courte durée … Tandis que s’il faut envisager un exil définitif, la Passe de Ferlynn est sans aucun doute le plus solide et le plus puissant mur que nous puissions trouver le temps de se préparer sereinement ...
Liana : Ca ne change rien au problème de base, répondit Liana, sombre. On doit affronter un froid polaire sans équipement pendant prêt d’une semaine dans les deux cas.
Lyrio : Touare semble donc être une étape obligatoire. Reste à espérer que la Baronne Grâce sera disposée à nous aider.
Godfric : Aucun doute là-dessus. C’est presque sa grande soeur, répondit Godfric en pointant Liana du pouce. Qui que soit le nouveau maître d’Aumont, il a là la voisine la plus casse-pied de tout le Duché. Parce que s’il y en a une qui ne s’arrêtera pas avant de voir ses terres carbonisées et salées et son donjon rasé jusqu’à la dernière pierre, c’est bien elle. Je dirai même que vu que le sort qu’ils ont réservé à son père, elle ne se fera pas prier.
Liana : Va pour Touare alors. Mais demain. Je tombe de fatigue.

Godfric lui tapa l’épaule avant d’indiquer une petite sente à gibier qui descendait le long d’une corniche sur la falaise. Il y avait bien soixante coudées en contrebas, et par endroit, la corniche commençait déjà à geler. Nul doute que le passage serait rendu très compliqué demain matin. Mais pour l’heure, c’était encore praticable. Et cela constituerait une excellente défense naturelle pour la nuit. D’autant que la grotte qu’indiquait Godfric, et que l’on ne distinguait qu’à condition d’avoir de très bons yeux, ou de savoir qu’elle était là, se trouvait à mi-hauteur de la falaise.

Lyrio : Faire un feu ici risque d’être difficile, commenta le spadassin tout en descendant le long de la paroi. On le verra depuis la route.
Godfric : La grotte fait un coude, lança Godfric par dessus son épaule. Il faudrait néanmoins que l’un d’entre nous aille chercher des mousses, du lierre et des branchages pour calfeutrer l’entrée. Non seulement ça fera un excellent coupe-vent, mais en plus, ça nous dissimulera surtout depuis la route. Et on pourra se tenir bien au chaud prêt du feu.

Liana tenait fermement la main d’Elea, pour qui l’opération était plus difficile que pour n’importe qui d’autre, étant donné qu’elle n’avait jamais rien connu d’autre que la vie de château, la broderie, et les occupations standard d’une jeune princesse de la noblesse Danienne. Néanmoins, l’opération se termina sans embûches. Et moins de vingt minutes plus tard, ils étaient tous installés dans la grotte, et jetaient leurs sacs par terre. Effectivement, cette dernière faisait un petit coude, offrant un renfoncement, et une sorte de salle abritée, ou ils pourraient se protéger du vent, du froid, et des regards. Et bientôt, ne faisant ni une ni deux, ils s’attelèrent chacuns aux tâches qui leur incombaient pour la nuit en cours. Liana s’occupait de la cuisine. Elle vida ainsi les trois écureuils, les dépeça et les écorcha à l’aide d’une dague. Malheureusement, la cuisine n’était pas spécialement son truc, et elle réussit uniquement à brûler la viande au lieu de la cuisiner convenablement. Cela se traduisit donc par un regard dépité des trois autres sur leurs brochettes carbonnisées et une mine aussi contrite que honteuse de la jeune fille.

[Test de Connaissances (Monde) pour Liana (Intelligence) pour la cuisine : 15. Echec.]

Pendant ce temps (et avant que Liana ne carbonise la viande), Godfric partit en quête de toute sortes de choses : branchages, lierres, feuilles, mousses et autres débris végétaux, afin de constituer un couvert autour de la caverne qui masquerait à la foi le vent, et l’abri aux regards indiscrets. Il fit plusieurs aller retours dans l’heure qui passa, et prit ensuite sur lui de lancer un feu ronflant qui leur tiendrait chaud pour la nuit, tandis que Lyrio se chargeait de réaliser un rideau de feuillages. Pendant ce temps là, emmitouflés dans le manteau de Liana, et celui de Lyrio, en plus du sien, Eléa restait assise à l’entrée de la caverne, faisant le guet et scrutant les montagnes environnantes. Après tout, elle ne pouvait pas faire grand chose d’autre. Du moins était-ce ce qu’elle estimait, au grand damn de Godfric et Lyrrio, qui échangèrent un regard entendu lorsqu’elle se plaignit de ce handicap, et retournèrent à leurs tâches en bougonnant ...

[Test de survie pour Godfric pour l’allumage du feu : 19. Réussite. Le feu procure un point de chaleur supplémentaire.
Test de discrétion pour Lyrio pour le camouflage du camp : 19. DD à accomplir pour repérer le campement du groupe.
Test de Détection pour Eléa : 6. Eléa n’a rien repérer de particulier.]


Ces préparatifs étant terminé, tous les quatre se regroupèrent pour manger et échanger des banalités. Liana resta silencieuse dans son coin, honteuse, et elle se laissa aller à la mélancolie. Eléa, toujours intimidée par Lyrio se blottit contre elle et ne dit pas un mot. Elle finit rapidement par s’endormir, et Liana sombra également rapidement dans le sommeil, laissant Lyrio et Godfric organiser les tours de garde. Ils résolurent que Lyrio prendrait le premier, et Godfric le second.

[Test de Détection pour Lyrio : 9. Lyro n’a rien repéré de particulier.
Test de Détection pour Godfric : 11. Godfric n’a rien repéré de particulier.
Le groupe a passé une nuit sans histoire.]


[Bilan :
Séjour à la Taverne (Place prêt du feu pour trois personnes : 1 Danegeld).
Abandon de 21 points de pain.
Perte de 3 points de fruits secs à cause des écureuils.
Consommation de nourriture pour quatre personne (réduit de 25% grâce à la chasse, mal préparée) : -2 points de pain. -1 point de fruits.
Gain d’un point d’expérience pour Lyrio.
Gain de deux points d’expérience pour Godfric.
Gain de trois points d’expérience pour Liana.]
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